«Le flux touristique (étranger) vers l'Algérie réalise 10% de croissance chaque année.» Cette estimation a été annoncée en grande pompe, récemment, par Smaïl Mimoune, ministre du Tourisme, qui s'est réjoui de cette «croissance» tout en admettant que «beaucoup reste à faire». Importante précision du ministre : le sud du pays constitue la première (pour ne pas dire la seule, ndlr) destination des touristes étrangers qui visitent l'Algérie. La destination Algérie n'a-t-elle pas quelque chose d'autre à proposer à part le Sud ? La stratégie du ministère du Tourisme est trop minimaliste et manque d'ambitions et surtout de vision à long terme. Elle se contente ainsi de « la valorisation des atouts touristiques (promotion) du Sud et sur l'encouragement de l'investissement dans le secteur touristique». Seul aveu du ministre : il admet un déficit dans le nombre d'établissements hôteliers. «Les hôtels existants disposent d'une capacité de 90 000 lits. Notre but est d'atteindre 70 000 lits supplémentaires en 2014», escompte-t-il. «Des investisseurs étrangers réalisent actuellement des projets touristiques dont le coût global avoisine les 54 milliards de dinars. La valeur des investissements nationaux atteint 193 milliards DA. Ces projets devront créer 75 000 emplois directs», affirme-t-il encore. Les dispositions instituées par la loi de finances complémentaire pour 2009 marquent une volonté d'encourager l'investissement dans le secteur touristique. Ces mesures consistent en la réduction du taux de la TVA de 17 à 7%, applicable aux différentes prestations liées aux activités touristiques. Aussi, une bonification est accordée sur le taux d'intérêt applicable aux prêts bancaires, consentis dans le cadre de la réalisation de projets d'investissement et de modernisation des établissements touristiques et hôteliers. Cette bonification est fixée à 3 et 4% respectivement pour les wilayas du Nord et du Sud qui s'ajoutent au Fonds national pour la protection du littoral et des zones côtières. Le gouvernement accorde également des abattements de 50 et 80%, respectivement au profit des wilayas des Hauts-Plateaux et du Sud, sur la concession de terrains destinés à la réalisation de projets d'investissement touristique. Le secteur du tourisme s'est doté, il y a trois ans, d'un vague schéma directeur. Le ministère du Tourisme qui compte créer «sept pôles d'excellence touristique à travers le pays» a récemment invité les wilayas à élaborer des schémas directeurs spécifiques valorisant leurs potentialités, à charge pour le schéma directeur d'aménagement du territoire (SDAT) d'assumer l'approche prospective et la complémentarité entre les schémas de wilayas. Mais il faut dire qu'un grand fossé sépare les annonces des ministres successifs en charge de ce secteur et la réalité. «Il y a nécessité de mettre en place une refonte en profondeur de la politique touristique du pays, une refonte qui nécessite forcément un changement de dirigeants », tranche un élu du RCD.