Au moment où les employés de la Fonction publique revendiquent un salaire digne et une augmentation conséquente, les pouvoirs publics ont décidé de revoir à la hausse les rémunérations des hauts fonctionnaires de l'Etat à travers l'introduction de deux nouvelles indemnités dans leur grille de salaires. Les titulaires de fonctions supérieures de l'Etat ont eu droit à une indemnité de responsabilité et à une indemnité spécifique d'astreinte. En effet, dans une note classée «confidentiel», adressée par le ministère des Finances à l'ensemble des secrétaires généraux des ministères et aux walis, relative au règlement du régime indemnitaire des titulaires des fonctions supérieures de l'Etat, il est demandé aux concernés la création au sein de la nomenclature des budgets de fonctionnement de chaque institution ou administration publique concernée, deux articles pour abriter les crédits destinés à la prise en charge des deux nouvelles indemnités. Celles-ci seront servies aux hauts fonctionnaires mensuellement sur la base du traitement, à des taux variables entre 40% et 65%, alors que l'indemnité de responsabilité varie entre 40% et 60% pour la seconde indemnité, et ce, selon les grades et les sections allant de A1 jusqu'à G. C'est en exécution des dispositions du décret présidentiel n°11-41 du 7 juillet 2011 instituant le régime indemnitaire des cadres titulaires de fonctions supérieures de l'Etat (non publiable), lit-on dans la note ministérielle, que les hauts fonctionnaires bénéficient de ces nouvelles indemnités. Faut-il préciser que l'indice de base majoré en fonction des années d'exercice est de 2900 pour les catégories A1, alors que pour la catégorie G, qui est une section unique, il est de 4700. Dans la note ministérielle, les responsables de la direction générale du budget et de la comptabilité informent les destinataires de la décision que le paiement des sommes dues au titre de l'année 2011 est servi sur l'exercice en cours. Mais s'agissant du rappel couvrant la période allant du 1er janvier 2010 au 31 décembre 2010, il sera servi en deux tranches : 50% sur l'exercice 2011 et le reste sur l'exercice 2012. Une question que d'aucuns se posent : pourquoi une réévaluation des salaires des hauts fonctionnaires de l'Etat en ce moment, d'autant qu'ils ont bénéficié d'une augmentation au même titre que les autres fonctionnaires, en 2007, avec la promulgation de leur régime indemnitaire ? Les avis divergent sur ce point. De l'avis de certains observateurs, l'augmentation des salaires des hauts cadres s'imposait eu égard aux augmentations opérées dans plusieurs secteurs. «Des médecins, des magistrats... ont été augmentés. Il fallait bien discerner entre les hauts fonctionnaires et les bas fonctionnaires», réplique ironiquement un syndicaliste. Pour d'autres observateurs, ces deux nouvelles indemnités, octroyées aux cadres de l'Etat, vont inévitablement doubler, voire tripler leur salaire, et l'écart entre les hauts et les «bas» fonctionnaires se creusera davantage. Rappelons que les premiers et les seconds ont des grilles de salaire totalement différentes et n'ont aucun lien. La valeur du point indiciaire n'est pas la même, celle des «simples» fonctionnaires est de 45 DA et est restée à 19 DA pour les hauts fonctionnaires, contrairement au nombre de points indiciaires du salaire de base qui a gonflé. «La valeur du point indiciaire des hauts fonctionnaires n'a pas subi de changement sans doute pour esquiver les comparaisons entre les deux distinctes grilles en question», notent nos sources. Ces derniers expliquent que le régime indemnitaire des hauts cadres de l'Etat a été immédiatement et systématiquement revalorisé. «Dans l'ancienne grille des hauts fonctionnaires, les indemnités s'exprimaient en pourcentage par rapport au traitement variant de 40 à 50% ; lorsqu'on les translate par rapport au salaire de base, le taux se métamorphose par miracle entre 40 et 83%. Cela relève de l'aberration», s'offusque notre source. Pour ce qui est de l'Indemnité d'expérience professionnelle (IEP), les hauts fonctionnaires de l'Etat bénéficient d'un échelon supplémentaire tous les 2 ans, soit les 12 échelons en 24 ans. Pour les «simples» fonctionnaires, ce sont trois durées réparties entre 2 ans et demi et 3 ans et demi, soit 12 échelons en 42 ans au maximum ; presque deux carrières en une.