Il y a longtemps, il y avait un problème d'eau, d'électricité et de téléphone. Mais ils étaient séparés, si bien que l'on pouvait avoir de l'eau sans électricité et internet mais sans eau. Les temps ont changé et, selon le docteur Charwin, qui tire son nom du village de ses ancêtres entre Timimoun et Adrar, l'interpénétration de la modernité a complexifié le rapport d'échelle entre l'humain microscopique et ses problèmes d'ordre macroscopique. En d'autres termes moins compliqués, le docteur Charwin explique que ça ne va plus. Il suffit que Sonelgaz déleste l'usine de dessalement d'eau de mer pour qu'il n'y ait plus d'eau au robinet, ce qui arrive souvent ces temps-ci à Alger, censée être alimentée H24. Il suffit qu'il n'y ait plus d'électricité pour que le téléphone, autrefois autonome de l'énergie, ne sonne plus, ce qui ne permet plus de demander à son mari de ne pas oublier d'acheter de l'eau, du flexy ou des bougies. L'eau, l'électricité et le téléphone sont interconnectés et sont d'ailleurs livrés au compte-gouttes par l'Etat, tout comme les Algériens sont de plus en plus déconnectés. Le docteur Charwin résume ainsi l'évolution de l'Algérien en un être perdu dans la globalité, à la recherche de solutions autonomes. Il a déjà du gaz portable en bouteille et un téléphone mobile. En attendant de trouver de l'électricité portable, de l'eau portable et se porter soi-même, le docteur Charwin explique la décomposition par la récente déclaration d'Ouyahia qui demandait aux épiciers de s'équiper de groupes électrogènes. Ce qui implique l'aveu d'un problème d'électricité mais surtout d'un mépris fixe et non portable, car le Premier ministre aurait dû demander à faire installer un groupe électrogène à l'usine de dessalement de l'eau de mer, qui délivre un bien si précieux, particulièrement en été. Conclusion pour le docteur Charwin : la téléportation. Ailleurs, loin et vite.