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Le lien entre le cinéma et «l'indéfini»
Un certain regard sur le 7e art
Publié dans El Watan le 21 - 07 - 2011

En France, 230 millions de spectateurs se sont déplacés en 2009 pour voir des films dans les salles obscures. Un record d'entrées malgré la crise.
Un Français sur trois fréquente au moins dix fois par an les salles de cinéma. Le prix de la place ne cesse d'augmenter et le chômage est à la hausse, mais les gens continuent à aller au
cinéma ! Pour expliquer ce paradoxe, il faut comprendre d'une manière simple : aller au cinéma est devenu un geste citoyen, défini par le droit de se cultiver et par conséquent le devoir d'être nourri intellectuellement. Non seulement le cinéma c'est de la culture, c'est aussi de l'artisanat. Il est conçu pour témoigner de son époque. Il reflète une image vivante du monde contemporain. Il accompagne les générations dans leurs mutations d'une manière ni prolifique ni matérielle. Il est aussi un composite et une matière dans l'économie. Un marché florissant où des spécialistes sont en œuvre afin d'analyser, acheter, vendre. D'élaborer des études et des lois pour gérer cette économie sur des cours et longs termes.
La réussite du cinéma est la conséquence de la mise en place d' institutions solides, de l'ouverture des structures productives gérées par des professionnels. Un film découle d'une idée simple, d'un thème, d'un sujet, d'une histoire, d'un scénario. Une fois arrivé en salles, il est enfin une œuvre sur les marchés. Au-delà de tout, un film qui rapporte de l'argent ou qui fait entrer de l'argent à son producteur, est, par définition, un produit commercial comme un autre, comme un livre, un album, un tableau de peinture, une pièce de théâtre ou d'opéra. On investit dans la culture pour accroître une partie de l'économie d'un pays.
On réfléchit et on conçoit des projets intellectuels et culturels pour les mettre sur les marchés et les gens sont conscients de cette démarche. Ils la soutiennent. On investit de l'argent, on prend des risques dans l'objectif de développer une industrie, tout en restant dans la culture et dans l'expression. Pour parler simple, lorsqu'on met en chantier un film, on nourrit des familles entières, on donne de l'emploi à des centaines de gens et en même temps, on élabore une histoire destinée au petit ou au grand public, afin que ce dernier se distraie, se cultive et s'instruise. On injecte de l'argent et beaucoup même. Donc, on prend des risques, on a peur que cet argent ne revienne plus, surtout quant on est un privé. Le budget du dernier film de James Cameron (auteur du film Titanic) intitulé Avatar est l'équivalent du budget d'un pays comme le Burkina Faso ou le Mali. En deux mois, après sa sortie, le film a rapporté, à ses producteurs, des bénéfices colossaux. En France, en trois semaines, il a fait 12 millions d'entrées. En Algérie, il se vend sous le manteau.
La bonne question est : qui est On ?
Le cinéma est-il fait pour éduquer afin de mieux s'épanouir ? Les structures culturelles jouent, remplissent leur rôle dans l'évolution du citoyen, tant sur le plan de l'épanouissement que sur le plan affectif. Bien sûr, si ces dernières gagnent de l'argent, why not ? Une personne qui va au cinéma, c'est une personne qui ferme la fenêtre de l'ignorance et de la barbarie, elle ouvre, par conséquent, des fenêtres sur le monde, sur la tolérance, la compréhension, la curiosité et l'aventure. Aussi, cette personne, on ne la considèrera plus inculte, fanatique ou extrémiste, même si elle est analphabète. Elle échappe à la manipulation et à la doctrine.
Entre deux prières en Amérique, certains lieux de culte se transforment en salles de cinéma afin de présenter des films anti-guerre, anti-avortement et des films engagés. Des festivals s'organisent dans des prisons, où les incarcérés se constituent en jury et attribuent des prix. Des gens ont appris des langues étrangères grâce aux sous-titres de films. Des personnes ont défendu des causes dans le monde grâce à un film. Des citoyens ont manifesté pour exprimer leur colère et leur mécontentement grâce à un film. Des étudiants ont repris le chemin de la fac grâce à un film, des alcoolos, des drogués ont arrêté leurs vices grâce à un film. Des malades ont repris goût à la vie grâce à un film. Des voyageurs ont visité des pays lointains grâce à un film. Des gens différents se sont tant aimés grâce à un film. L'optimisme et l'effet positif sont conséquents et omniprésents au cinéma, sans ignorer évidemment les conséquences néfastes de certains films. Je laisse la fenêtre ouverte aux gens négatifs de parler de ça. Sans aucune morale et propagande, le cinéma est devenu un outil de modernité et de civilisation. L'essentiel est que le cinéma soit nécessaire et qu'il ait un impact culturel. Loin d'être un moyen de faire de l'argent et de s'enrichir sur les dos des gens. Car, on peut gagner sur un film et on peut en perdre sur d'autres. Certains producteurs ont mis la clé sous le paillasson, car leur film a subi un échec commercial, qui n'a pas rapporté un sou. D'autres producteurs se sont suicidés et d'autres sont restés endettés des années durant. Tous ces producteurs ont un point commun : l'amour du cinéma. Cet amour qui est leur richesse.
Le cash des blockbusters
Le cinéma et l'économie. Les deux à la fois. Le cinéma français se fait, se développe grâce au cinéma américain et ce dernier se fait grâce à l'argent (money cash) des grandes firmes américaines et des producteurs indépendants. Grâce au film américain distribué en France, le pays produit des films et par conséquent, il est devenu le premier producteur européen et la nation la plus cinéphile au monde. Le film français se voit dans les fanfares de la Russie, de l'Inde, de la Chine et dans les pays africains. Une partie de l'argent récolté de la distribution du film américain, va à la promotion des petits films africains, magrébins et asiatiques. On donne la possibilité à ces films d'auteurs d'exister et d'être vus par le public français.
Le spectateur découvre d'autres cultures et d'autres sons de cloche. La distribution du film américain sera bientôt la principale source de financement du film européen. A juste titre, sans la présence des Américains, le Festival de Cannes ne serait jamais une grande manifestation culturelle internationale. En d'autres termes, il ne sera jamais la Mecque du cinéma. Pour parler simple : c'est comme si on organise le pèlerinage à la Mecque sans les musulmans des autres pays.
Malgré la souveraineté, l'exception culturelle française et certains discours de quelques personnalités coincées, de gauche comme de droite, consiste à revoir à la baisse la distribution du film américain en France. Chaque semaine, 30 nouveaux films américains sont à l'affiche, ils envahissent le marché. Le spectateur a le choix de voir tel ou tel film. Le plus important, c'est qu'il aille au cinéma et débattre du film. La France produit 210 films par an. Entre 4 à 6 films sortent en salle chaque semaine. Des films ne restent même pas 4 jours à l'affiche, quand d'autres sortent seulement dans trois salles. D'autres font entre 1 et 22 millions d'entrées. Pour un film américain qui fait 15 millions d'entrées, une partie de cet argent sert à produire moyennement deux films français, si ce n'est pas trois, à petit budget. La production cinématographique française est aidée automatiquement par la distribution. Sans oublier la participation active de la télévision. Autrement dit, un film américain qui arrive en bobines ou en numérique en France génère des emplois dans toutes les spécialités qui constituent la réalisation d'un film français : écriture, développement, aide à la production, aide à la post-production, aide à la distribution, ainsi qu'à l'exploitation des salles et à leurs équipements. Récemment, un incendie a ravagé un quartier à Paris, une salle a été endommagée, les autorités ont dépêché un chapiteau afin que les gens continuent à voir des films. Une salle de cinéma est devenue une nécessité comme un hôpital, une école ou une crèche !
Démocratiser le cinéma
Aujourd'hui, les tutelles municipales délivrent des «pass» aux chômeurs, aux sans-domicile-fixe (SDF), aux familles nombreuses pour aller voir des films… Voir un film est devenu un savoir-vivre, une prise de conscience, c'est comme participer à un intérêt général.
Des salles de cinéma ont adapté des entrées accessibles pour les handicapés, organisent des séances pour enfants, adaptent des tarifs destinés aux étudiants, aux groupes, aux jeunes moins de 25 ans et aux comités d'entreprises. Pour se cultiver, il n'y a pas de prix. On ne compte pas. Le mot cinéma est sur les lèvres : «On va au cinéma, on fait un cinéma, on sort au cinéma, tu étais au cinéma. Non pas ce soir, je vais au cinéma. Mon portable était éteint, j'étais au cinéma. Je suis invité au cinéma. Pour faire la paix avec mon mari, on va au cinéma, je fais la connaissance d'une fille, notre première sortie est le cinéma, etc.». Le cinéma a un rôle important dans la cohésion sociale. Il incite à l'initiative, à la proposition, au choix, au conseil, à l'harmonisation dans l'esprit et dans la conscience. Cela veut dire : on existe, on vit.
Dans le froid, dans la chaleur, on fait la queue, on paye une place, on regarde un film, on parle, on échange, on communique et on s'enrichit. Parce qu'on a vu un film géorgien, chilien, iranien, albanais ou américain, etc. Dans l'esprit du citoyen, le préjugement se transforme en une opinion, à un point de vue. La peur de l'autre s'adoucit en respect et en échange réciproque. Un lien entre les peuples s'établit. Notre regard sur l'autre change.
Grâce au rêve américain tant abordé au cinéma, beaucoup de gens sont partis vivre aux Etats-Unis et grâce à cette immigration, la population de ce pays s'est multipliée par six au siècle dernier. Grâce aux immigrés qui sont devenus Américains, le pays est devenu la première puissance mondiale.
Actuellement, les Français apprécient tellement le cinéma iranien qu'ils sont en désaccord avec leur gouvernement à cause de son hostilité envers l'Iran. D'autres pays boycottent les films israéliens, car ils soutiennent le peuple palestinien dans sa lutte. Des Européens ont compris la Shoah, le colonialisme et le racisme grâce au cinéma.
A travers des études sociologiques, le cinéma est un facteur de mutation dans la vie. On devient moins imbécile, moins abruti et moins raciste. On se déplace à travers le monde tout en restant dans son quartier. Il suffit juste d'ouvrir une salle de cinéma. L'esprit est vivant, il compare, se nourrit et évolue. On voyage grâce au cinéma à travers les civilisations. On est façonné et réceptif des cultures étrangères. Que l'on est, que l'on soit, que l'on devienne un citoyen du monde, parce que un jour, nous étions, nous sommes, nous serons dans une salle de cinéma.
Djamel Azizi. Réalisateur


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