Les Etats-Unis d'Amérique ne semblent plus donner trop de crédit à l'information, diffusée la semaine dernière par une frange de la rébellion libyenne, selon laquelle l'Algérie aurait laissé transiter par son territoire un chargement d'armes destinées aux forces loyalistes au colonel El Gueddafi. Même si un responsable au département d'Etat a annoncé jeudi qu'une enquête sur le cas particulier d'un bateau transportant des armes pour les partisans du leader libyen qui aurait été autorisé, le 19 juillet, à amarrer au port de Djendjen avait été lancée, une source à l'ambassade des Etats-Unis à Alger a cependant tenu, hier, à préciser que Washington «reconnaît l'adhésion de l'Algérie aux résolutions 1970 et 1973 du Conseil de sécurité des Nations unies» et ne perd pas de vue que «le gouvernement algérien a affirmé à maintes reprises sa stricte adhésion aux résolutions concernant le conflit libyen». Les autorités américaines se sont-elles rendues compte, sur le tard et surtout après vérification, que la fameuse «information» répercutée par le site internet d'Al Jazeera n'a finalement aucun fondement ? Fort possible. Une source proche de l'administration portuaire de Djendjen a indiqué en tout cas que deux Américains se sont rendus durant le week-end dernier dans la wilaya de Jijel où se trouve justement le port cité par la chaîne de télévision qatarie et qu'ils ont eu tout le loisir de constater qu'il n'y avait absolument rien de tout ce qui avait été dit ou écrit. Au regard des éléments en notre possession, Washington donne l'impression d'avoir déjà tourné la page dans cette «histoire d'armes destinées à El Gueddafi». S'agissant du conflit en lui-même, la source de la représentation de la diplomatique américaine a tenu à rappeler par la même occasion la récente déclaration de Mme Clinton dans laquelle elle a soutenu que «El Gueddafi ne peut pas rester au pouvoir». «Nous allons continuer à travailler avec la communauté internationale pour s'assurer que le peuple libyen puisse réaliser ses aspirations légitimes», a ajouté, par ailleurs, notre source qui a requis l'anonymat. Le porte-parole du ministère algérien des Affaires étrangères, Amar Belani, a, rappelle-t-on, démenti formellement samedi l'information diffusée par Al Jazeera et reprise quelque temps après par l'agence Reuter et accusé une partie du CNT d'être derrière cette nouvelle «manœuvre perfide». «Je démens catégoriquement ces informations infondées dont les auteurs sont toujours les mêmes, c'est-à-dire les représentants d'une certaine frange au sein de l'opposition libyenne qui ne reculent devant aucune turpitude ou manœuvre perfide de désinformation pour tenter, vainement, je dois préciser, de mettre la pression diplomatique sur notre pays», a-t-il indiqué à la presse. Et de préciser : «Comme nous l'avions affirmé, de manière réitérée, claire et déterminée, l'Algérie est connue pour être un membre responsable de la communauté internationale et à ce titre, elle se conforme scrupuleusement à toutes les dispositions des résolutions 1970 et 1973 du Conseil de sécurité de l'ONU.» A rappeler que depuis le début de la guerre civile en Libye, le Conseil national de transition (CNT) a régulièrement accusé Alger de soutenir le régime de Mouammar El Gueddafi à travers la fourniture d'armes et l'envoi de mercenaires. Lors d'une visite début juin à Alger, le général Carter Ham, patron du commandement militaire américain pour l'Afrique (Africom), avait cependant démenti les accusations du CNT, affirmant que l'Algérie a toujours œuvré pour «prévenir et empêcher qu'il y ait des mercenaires ou bien un mouvement de personnes et d'armements dans la région». A quelle fin veut-on à tout prix charger l'Algérie dans le cas du dossier libyen ? Certains observateurs soutiennent l'idée qu'en accusant de manière récurrente le gouvernement algérien de soutenir militairement Tripoli, certains rebelles libyens installés à Benghazi cherchent non seulement à impliquer l'Algérie dans le conflit, mais surtout à neutraliser sa diplomatie qui œuvre actuellement en faveur d'un règlement politique à la crise. Bref, l'idée est de créer un abcès de fixation afin d'occuper les Algériens durant que la «partie» se joue. A partir de là, il faut en déduire qu'il existe actuellement des parties au sein de la Libye – et même en dehors – qui ont intérêt à ce que la guerre se poursuive pendant quelques mois encore.