L'Institut de technologie moyen agricole spécialisé (ITMAS) de Guelma a abrité, mardi dernier, une journée d'étude sur la tomate industrielle organisée par l'Institut technique des cultures maraîchères et industrielles (ITCMI) et sponsorisée par la SNC Casap d'Alger, coopérative spécialisée dans la commercialisation des intrants agricoles. Cette journée a été animée par des cadres de cet institut, rompus dans ce domaine. Y ont assisté les agents communaux de vulgarisation, des représentants de la chambre d'agriculture et ceux des services de la DSA de la wilaya de Guelma. Malheureusement, beaucoup de défections ont été enregistrées ; ainsi ont brillé par leur absence certains transformateurs et producteurs de tomate, pourtant cordialement invités à débattre de leurs problèmes, nous dit-on. Quoique le thème ait débordé du cadre de la wilaya de Guelma, du moment que la filière est travaillée par plusieurs wilayas de l'est du pays, on se contentera des données de la wilaya en question. Si le thème principal de cette journée porte sur les variétés de tomate industrielle, certains intervenants, des techniciens ainsi que des producteurs, ont débattu de plusieurs problèmes. D'abord, il y a lieu de savoir que dans la wilaya de Guelma, la production de tomate industrielle de la campagne écoulée pour une superficie de 2635 ha était de l'ordre de 386 000 q, dont 360 000 q ont été transformés en 8050 t de double concentré (DCT). Les chiffres indiquent ces dernières années que malgré l'augmentation de la superficie, la production et la quantité de tomate transformée diminuent. Certaines causes de cette situation seront connues plus tard. Toujours est-il que, classée 4e en matière de production de tomate industrielle à l'échelle nationale, la wilaya de Guelma y contribue avec 10%. La capacité de transformation au niveau national est de 800 000 t/an, alors que la production nationale de tomate industrielle est d'environ 552 000 t/an. Donc, la production nationale peut être transformée haut la main. Pourtant, selon les données en notre possession, en 2004, on n'a utilisé que 35% des capacités de transformation existantes. Pis, on parle d'une bonne quantité de la production nationale, estimée à 20% de la production globale, qui s'en est allée en pure perte du fait de son dépérissement lors de l'attente dans les longues files de livraison. Une quantité qui est loin d'être négligeable. Un autre couac : en 2003, on a importé 66 177,4 t de triple concentré de tomate. On est curieux de savoir ce qu'il en était en 2004 et en 2005, surtout cette année, où une bonne quantité de tomates a été jetée, faute de livraison ou de réception. La période de collecte et de livraison va du 20 juin au 15 juillet. Aussi, afin d'écraser ces pics ou bouchons et ainsi étaler la période de livraison de la production aux unités de transformation, a-t-on axé cette journée sur l'utilisation de certaines variétés précoces ou très précoces, ainsi que celles tardives. Un ingénieur de la Casap d'Alger a mis l'accent sur ce genre de variétés, incitant les fellahs à les travailler, parlant longuement de la variété Ginan-Pétoseed (USA), qui a des qualités de résistance au dépérissement, une longue durée de conservation de 20 jours ; plusieurs variétés utilisées actuellement dépérissent après la collecte à 7 jours seulement. Où est l'Etat, ce régulateur ? Cette variété Ginan, travaillée durant la campagne précédente dans la wilaya d'El Tarf, a donné 700 q/ha. Certains producteurs ont délaissé les variétés précoces depuis environ une dizaine d'années, affirmera-t-il. Un producteur dans la salle dira à propos de cette journée que c'est une bonne initiative, mais que « nous rencontrons beaucoup de difficultés quant à la commercialisation de notre production, plusieurs usines sont fermées ». Dans la wilaya de Guelma, il y a deux unités de transformation, une d'une capacité de 1800 t/jour et l'autre de 500 t/jour ; cette dernière est fermée depuis quatre ans environ. Un technicien de l'ITCMI, exerçant depuis 30 ans dans la station de recherche et expérimentation d'El Kerma (Annaba), répliquera que si les transformateurs agissent d'une façon ordonnée par le biais de leur association Actom, le gros problème des producteurs réside dans le fait déjà qu'ils ne soient pas organisés. Le risque est que les producteurs soient traités individuellement, s'ils ne le sont pas déjà. Puis il tirera la sonnette d'alarme à propos de la menace planant sur la culture de la tomate industrielle travaillée en sec. En effet, cette culture implique un risque pour le producteur du fait des aléas climatiques. Il dira donc que si le transformateur ne l'aide pas avec une forme de bonification, un soutien au prix fixé (qui est de 5 DA/le kilo), il délaissera définitivement cette filière. Dans tout cela, où est l'Etat, ce régulateur par excellence ? La question mérite d'être posée.