Début 2006, un projet de fédération nationale de l'hôtellerie et du tourisme devrait voir le jour. Telle est l'intention affichée par un communiqué de presse invitant les associations de wilaya à faire connaître leurs représentants choisis uniquement parmi les exploitants des 880 hôtels privés recensés à travers le pays. Le bureau d'organisation de cette assemblée a été mandaté dans les coulisses de la réunion, tenue le 22 novembre dernier à Alger. Une réunion provoquée à l'initiative du ministère du Tourisme et qui a eu, en outre, la particularité d'avoir permis la rencontre, pour la première fois, entre les hôteliers du secteur privé à l'échelle nationale. Le déclic a été provoqué par la conviction que la finalité des mesures mises en débat ne correspondait pas aux urgences du secteur. Pour rappel, l'objectif de la réunion était de rapprocher les établissements hôteliers avec les institutions bancaires, d'appuyer la réhabilitation des entreprises et de réfléchir à la mise en place des mécanismes financiers et matériels pour faciliter et accélérer l'opération de mise à niveau, du fait de la dégradation des établissements hôteliers. De la sorte, et à l'issue de la rencontre, les hôteliers privés ont convenu de fonder une organisation qui les rassemble afin de constituer une force de proposition, en vue d'infléchir la politique menée dans un sens qui fasse véritablement du tourisme algérien « une ressource principale dans l'économie nationale », selon les propos même du ministre. A cet égard, les conciliabules entre opérateurs privés avaient mis en cause les mesures prises par les pouvoirs publics « à chaque fois sur la base des réalités de l'hôtellerie dans les grandes métropoles, que sont Alger et Oran ». En effet, ils soutiennent que dans ces villes, les infrastructures affichent généralement complet, non pas du fait d'un tourisme florissant mais de l'affluence de passagers et de missionnaires, ce qui n'est pas le cas de l'hôtellerie de province. Ainsi, ils condamnèrent à l'échec l'opération de réhabilitation physique des anciens établissements, telle qu'envisagée dans la perspective de les mettre en conformité avec les besoins d'une classification. « Quel est le propriétaire d'un vieil hôtel de 10 à 15 chambres de l'intérieur du pays qui pourrait se permettre de fermer quelques mois pour une telle opération et consentir à un prêt bancaire, à un taux usuraire, et à des conditions proprement suicidaires ? A quoi servirait un classement à une, deux, voire mille étoiles puisque les prix sont libres et que ce n'est pas demain la veille, avec la politique que l'on sait, qu'il y aura une augmentation des capacités d'hébergement à même d'engager la concurrence et la compétitivité ? » Interrogés pour plus de précisions, nos interlocuteurs estiment qu'il y a nécessité de revoir de fond en comble « une politique du secteur en porte-à-faux avec ce qui est pratiqué chez les pays voisins. Comment voulez-vous que nous concurrencions les Tunisiens et les Marocains alors que la TVA est chez nous, par comparaison, à un taux démentiel et alors que les taux d'intérêt bancaires sont hors de prix ? » A cet égard, ils expliquent, d'une part, qu'au-delà des frontières Est et Ouest, la TVA est de 4% pour le tourisme, et en Algérie elle est de 17%. D'autre part, chez nous toujours, pour le secteur de l'agriculteur, le taux d'intérêt est classé en catégorie privilégiée, alors que pour le tourisme, il est accordé à risque. Ce qui induit un taux d'intérêt élevé. « Comment cela est-il possible, alors que les agriculteurs ne cessent de revendiquer chaque année l'effacement des dettes bancaires et que, sans les mêmes avantages, l'on demande à notre secteur de se transformer en substitut des ressources épuisables ? » Par ailleurs, ajoutent les promoteurs de la future fédération, « il y a de scélérates taxes, telles celle due à l'ONDA pour la musique qu'on diffuse, une taxe spécifique à l'Algérie, ainsi que la taxe touristique. Comment voulez-vous que nos prix soient attractifs si ces taxes accaparent, dès le départ, 20% du prix de la nuitée ? » Enfin, « suprême aberration : on impose à tous les hôtels d'employer un gestionnaire diplômé. Mais, vu la rareté de ces cadres, les salaires demandés ne peuvent être déboursés que par des hôtels huppés. Ainsi, pour ne citer que deux exemples : un hôtel à Mascara a fermé et un autre tout neuf à Tindouf n'a pu ouvrir faute de pouvoir engager un gestionnaire diplômé, du fait justement d'un chiffre d'affaires limité ».