L'Ecole supérieure des beaux-arts d'Alger (ESBA) vit une profonde crise depuis sept mois. Le problème remonte plus exactement au 12 juin 2005 lorsque la section du Conseil national des enseignants du supérieur (CNES)-(ESBA) a appelé à une grève, pour la défense de la plate-forme de revendications socioprofessionnelles établie par les enseignants de cet établissement. Dans le document, les enseignants expliquent, dans le détail, l'origine du marasme que vit leur école, notamment le non-respect des lois sociales, la violation répétée de la réglementation qui régit la pédagogie dans les établissements de l'enseignement supérieur, le « harcèlement judiciaire » contre la section CNES-ESBA et le gel des salaires des enseignants (durant cinq mois) par l'actuel directeur de l'ESBA, Djehiche Mohamed. Malheureusement, les négociations, entamées depuis le 10 décembre dernier entre la section CNES-ESBA et Saïd Tebbani, directeur central en charge de la formation au niveau du ministère de la Culture et représentant de Mme Khalida Toumi, ministre de la Culture, habilité à gérer le conflit, n'ont pas abouti à des solutions consensuelles. Le 27 décembre passé, les enseignants de l'ESBA se sont réunis en assemblée générale pour débattre des décisions prises récemment par la première responsable de la tutelle. Ils ont, à cet effet, dénoncé et condamné le rejet par Mme Toumi de la mise en place d'une nouvelle structure pédagogique consensuelle à l'ESBA. Avec ce refus, la ministre remet carrément en cause la composition de la nouvelle structure dont les membres ont été désignés en toute démocratie et par consensus, lors de la réunion tenue avec le représentant de la ministre, M.Tebbani. « POLITIQUE D'APARTHEID » « La mise à l'écart de la majorité des enseignants de la nouvelle structure est injuste. Ces enseignants victimes, aujourd'hui, d'une politique d'apartheid pédagogique, ont donné le meilleur de leur vie pour la formation artistique en Algérie, depuis 30 ans, et ont assuré la sauvegarde de l'ESBA durant la crise politique et sécuritaire qu'à vécue l'Algérie ces 15 dernières années », ont indiqué les responsables de la section CNES-ESBA, qui regrette que le choix de la ministre ne tient nullement compte de la spécificité de la formation artistique supérieure, puisqu'il exclut la majorité des enseignants de l'ESBA. Ce choix, selon eux, qui hypothèque l'avenir de l'ESBA, va à l'encontre des intérêts des étudiants et des enseignants. « La solution retenue reflète une méconnaissance totale de la réalité de l'école et une négation de toute son histoire »,ont-il souligné. Par ailleurs, la coordination de la région centre du (CNES) n'est pas restée indifférente au problème des enseigants de l'ESBA. La coordination exprime son soutien indéfectible à la lutte des enseignants et tient à rappeler que l'ESBA est sous la tutelle pédagogique du ministère de l'Enseignement supérieur et que la formation supérieure artistique possède sa spécificité, qui a été reconnue par la Conférence internationale de l'Unesco sur l'enseignement supérieur, en 1998. La coordination interpelle, dans ce sens, le ministre de l'Enseignement supérieur sur le grave marasme pédagogique que vit l'ESBA et lui demande d'intervenir pour exiger de l'administration de l'ESBA le respect strict de la réglementation qui régit la pédagogie dans les établissements de l'enseignement supérieur. Elle interpelle également la ministre de la Culture sur la « gravité » du conflit et espère que des solutions appropriées soient trouvées qui permettront à l'ESBA de surmonter la crise qu'elle connaît depuis sept mois. Pour sa part, la section CNES-ESBA est persuadée que seule une solution consensuelle peut ouvrir de nouvelles perspectives pour l'ESBA et seuls le dialogue social et le respect du choix de la majorité des enseignants permettront de trouver des solutions à la crise qui secoue l'ESBA et que toute solution qui ne reçoit pas l'assentiment de l'ensemble des enseignants est vouée d'avance à l'échec.