La presse égyptienne a traité, hier, le procès de Moubarak avec des pincettes. Les grands quotidiens du pays du Nil n'ont pas été agressifs à l'égard du président égyptien déchu et ses deux fils. A croire que des instructions ont été données pour rendre le sujet similaire à un fait divers. Une fois le procès de Moubarak reporté au 15 août par le juge Refaat, les quotidiens égyptiens n'ont pas jugé utile de détailler l'affaire liée au dictateur. Dans la matinée, les organes de presse annonçaient la tenue de l'audience. En second lieu, ils se sont contentés de donner la date de l'ajournement du procès. Après lecture de la presse égyptienne, il y a lieu de penser que le procès a gêné bon nombre d'éléments dans les rédactions. Les quotidiens égyptiens, en support papier ou sur le web, ont au final relaté l'audience avec prudence, pour ne pas dire avec objectivité ou neutralité. Al Ahram, qui tire plus d'un million d'exemplaires, a donné l'information d'une manière primaire, sans commentaire et sans revenir sur le passé du président sanguinaire. «La cour pénale, présidée par le juge Ahmed Refaat, a décidé à l'issue de sa réunion, tenue mercredi, de reporter au 15 août le procès de l'ancien président Hosni Moubarak et ses deux fils, Alaa et Gamal, et de l'homme d'affaires Hussein Salem, actuellement en fuite. La cour a également reporté à jeudi le procès de l'ancien ministre de l'Intérieur, Habib Al Adili, et 6 de ses proches collaborateurs», peut-on lire dans Ahramonline. Pareilles informations lues sur les sites web d'Al Ahali, Al Gomhuria, Al Messa, Al Shaab et Al Wafd. En parcourant la presse égyptienne, il était inutile de chercher un éditorial ou autre commentaire pouvant rappeler les 30 ans de dictature et de torture pratiquées par le régime de Moubarak. Autre détail. Dans les articles traitant du procès, aucun témoignage des familles victimes de la répression policière durant la révolution n'a été colporté. Ceci dit, il y a toujours une exception. Le journal Watani a toutefois été le seul organe de presse à incendier Moubarak et son clan. Des commentaires ont été publiés pour mettre le contexte dans les faits, c'est-à-dire le pourquoi et le comment qui ont conduit l'ancien président et ses fils à se trouver derrière les barreaux. Parallèlement, le réseau arabe d'information sur les droits de l'homme, animé en majorité par des Egyptiens, n'a pas été tendre avec l'ancien homme fort du Caire. Il a estimé que «le jugement de Moubarak devant des millions de téléspectateurs est un grand pas en avant. C'est une leçon d'histoire pour tous les dictateurs qui ont fait couler le sang de leur peuple croyant ne pas être déférés un jour à la justice».