Coup de tonnerre, la première puissance mondiale, les Etats-Unis, est exclue du cercle restreint des emprunteurs les plus fiables. Et cette exclusion est le fait de l'agence américaine d'évaluation financière Standard and Poor's, considérée comme la plus influente dans la notation des Etats, qui a pris, vendredi dernier, la décision d'abaisser la note attribuée à la dette publique des Etats-Unis de «AAA» à «AA+». S&P a par ailleurs abaissé la perspective à «négative», ce qui signifie que l'agence pense que la prochaine fois que cette note changera, ce sera pour être abaissée de nouveau. Pour elle, le débat politique sur les mesures à prendre n'est pas à la hauteur des problèmes causés par une dette publique de plus de 14 500 milliards de dollars.Evidemment, cette dégradation n'a pas été du goût du gouvernement américain qui, après avoir tenté de convaincre S&P de différer sa décision, en vain, a contesté les projections de l'agence qu'il accuse d'avoir omis d'intégrer dans ses calculs prévisionnels 2 000 milliards de dollars.Mais les américains ne sont pas les seuls concernés par la baisse de leur note. La sortie des Etats-Unis du club des emprunteurs les plus fiables ne manquera pas de provoquer des remous sur les marchés financiers, même si on ne peut anticiper leur ampleur, la décision de S&P étant tombée après la fermeture des places boursières, dont la plupart avaient déjà dévissé en raison de la crise de la dette en zone euro et des inquiétudes sur la santé économique des Etats-Unis. La première réaction est venue de Chine qui détient près du tiers de la dette extérieure américaine, ce qui lui confère un droit «d'ingérence» qu'elle a d'ailleurs fait valoir. La Chine «a désormais tous les droits d'exiger des Etats-Unis qu'ils s'attaquent à leur problème structurel de dette», a écrit Chine nouvelle. «Afin de soigner leur dépendance aux dettes, les Etats-Unis doivent rétablir le principe de bon sens selon lequel il faut vivre selon ses moyens», a poursuivi l'agence chinoise. Si Washington n'effectue pas des coupes importantes dans ses «dépenses militaires gigantesques» ainsi que dans ses «coûts surgonflés d'aide sociale», l'abaissement de la note effectué par Standard & Poor's ne sera que le «prélude à d'autres abaissements dévastateurs de la note» américaine, a-t-elle prévenu.Et si les autres créanciers des Etats-Unis se sont gardés de toute réaction intempestive, préférant attendre et voir venir, l'explosion de la dette publique américaine, actuellement à 100% du produit intérieur brut, n'est pas faite pour rasséréner les investisseurs dont les craintes sont justifiées par de nombreux analystes qui s'accordent à dire que les incertitudes sur les marchés financiers sont plus grandes maintenant. Les effets de l'abaissement de la note des Etats-Unis et les perspectives sombres se conjuguant à ceux de la crise dans la zone euro plomberont certainement les places boursières, mais ils mèneront aussi à une réévaluation généralisée des risques… à quelque chose malheur est bon. H. G.