En dépit des annonces faites par l'Entreprise de gestion du tourisme de Tipasa (EGTT), relatives à une tarification attractive durant ce mois d'août, afin d'attirer le maximum de familles, hélas, une simple tournée à travers les complexes touristiques de cette entreprise publique nous a démontré que les clients avaient tourné le dos à cette promotion estivale appliquée à l'occasion du mois de Ramadhan. L'entrée du complexe Matarès, qui abrite deux hôtels et des bungalows, est fermée aux visiteurs. C'est le même scénario devant l'entrée du complexe Tipasa-Village (ex-CET). Des agents de sécurité de l'EGTT sont postés à l'entrée de chaque complexe pour empêcher l'intrusion des curieux. «Nous sommes fermés, tout le monde est en congé», nous disent-ils. Au niveau de la plage du complexe Matarès, des silhouettes se baignent. Le portail du complexe Corne d'Or s'est ouvert dès que nous avons demandé à voir le réceptionniste. L'agent de sécurité, avec son talkie-walkie, signale notre présence à la réception. Un yacht occupé par des Chinois et quelques Algériens mouille au milieu d'une mer calme dans la baie de ce magnifique complexe touristique. Des grillades et toutes sortes de boissons sont servies aux occupants qui se trouvaient à bord de ce grand yacht, loin des tracasseries et des regards curieux en cette magnifique journée ensoleillée de Ramadhan. Autrement, c'est le silence et le désert qui caractérisent ce paysage. Sur la petite plage Est de la Corne d'Or, deux parasols sont installés. Le nombre de familles se compte sur les doigts d'une seule main. L'EGTT propose une pension complète à 4000 DA/personne adulte/jour. Le f'tour et le s'hour sont compris. «Nous ne pouvons pas assurer l'animation culturelle pour 2 familles uniquement», nous fait savoir un employé de ce complexe. Venu régler sa facture, un jeune client nous déclare : «Nous sommes habitués à passer nos vacances ici, mais comme vous le constatez, tout est magnifique, mais il manque l'ambiance à cause du Ramadhan.» Craignant le fonctionnement à perte des deux complexes, les responsables avaient décidé de mettre tout le personnel des unités Matarès et Tipasa-Village en congé. Finalement, la forte baisse des prix pour les séjours dans les complexes touristiques n'est pas le moyen pour attirer les familles vers les stations balnéaires, en ce mois de jeûne. Un hôtel urbain appartenant à un privé nouvellement mis en service, au niveau de la ville de Tipasa, est entièrement fermé. Etrangement, à proximité du complexe touristique relevant du secteur de l'Etat, Matarès, fermé à cause de l'absence de clients, le centre touristique Grand Bleu du Chenoua est ouvert. Le personnel est toujours actif. Il y a une vie au centre Grand Bleu. Sans dépenser des sommes faramineuses pour faire de la publicité, le responsable du centre Grand Bleu nous indique : «Nous avons préparé cette saison estivale depuis des mois. Nous avons entrepris des démarches au préalable afin de pouvoir faire fonctionner notre centre durant le mois d'août, coïncidant avec le mois sacré de Ramadhan.»«Nous veillons à ce que les enfants des fonctionnaires du ministère de la Justice séjournent dans des conditions merveilleuses.» Cependant, «dans l'autre moitié de notre centre, nous hébergeons les joueurs des clubs sportifs qui préparent leur saison chez nous. Nous veillons aussi comme pour les enfants de la colonie de vacances, à ce que les joueurs en regroupement ne manquent de rien durant leurs séjours dans notre centre. Ce travail n'est pas nouveau pour nous, nous sommes obligés de nous adapter à toutes les situations pour faire fonctionner notre établissement», conclut-il. Les familles qui étaient en vacances depuis la fin du mois de juin au Grand Bleu ont quitté les bungalows et les tentes le 1er août très tôt dans la matinée. Le Ramadhan était là. A l'est de la corniche du Chenoua, l'hôtel Chenoua est ouvert. «Nous avons quelques familles qui sont en vacances dans notre hôtel», nous déclare le gérant de cet établissement touristique agréablement entretenu, «une prise en charge complète pour un couple coûte 6400DA par jour», explique-t-il. Le propriétaire de cet hôtel, selon les informations recueillies auprès des citoyens, s'est même permis de louer un grand local pour offrir des repas chauds aux nécessiteux de la ville de Tipasa depuis le début du mois d'août. Le mois de Ramadhan a fait plonger les activités touristiques de Tipasa dans une atmosphère «monotone, triste et irrespirable» pour certains estivants habitués à se rendre sur la côte. Le tourisme à Tipasa, en ce mois de Ramadhan, est synonyme d'immobilisme sauf pour quelques volontaires et tenaces, qui ne se laissent pas abattre par les effets du jeûne.