Face à la crise que connaît la place économique mondiale, la BCE, l'institution européenne, avait prévu une réunion d'urgence, hier soir. Les marchés financiers risquent-ils de connaître un lundi noir dès leur ouverture aujourd'hui. Mises à mal par les craintes quant à la contagion de la crise des dettes souveraines à l'Espagne et à l'Italie, et plombées par l'abaissement de la note souveraine américaine, les rares places boursières ouvertes, hier, montraient déjà de graves signaux de fléchissement. C'est ainsi que la Bourse de Riyad a perdu plus de 5% en une séance. Afin d'éviter que la panique ne se propage aux grands marchés à terme en Asie, en Europe ainsi qu'à Wall Street, les ministres des Finances et banquiers centraux ont décidé de faire front commun et de coordonner leurs actions pour se prémunir d'une catastrophe. Une coordination qui se passera d'une intervention du Fonds monétaire international, pris dans la tourmente judiciaire ayant touché son ex-directeur général, Dominique Strauss-Kahn d'abord, et ensuite son successeur au poste, Christine Lagarde actuellement au cœur d'une enquête en France sur son rôle dans l'affaire Tapie-Crédit Lyonnais. C'est ainsi que les représentants des autorités monétaires des pays du G7 ont décidé de tenir une nouvelle conférence téléphonique avant l'ouverture des marchés asiatiques ce matin, en publiant une déclaration commune afin d'enrayer la panique boursière. De leur côté, les membres du G20 ont tenu hier une conférence téléphonique d'urgence sur la crise de la dette en Europe et la dégradation de la note des Etats-Unis. Il s'agit en fait de coordonner une action commune à même de freiner la hausse des taux d'intérêt sur les titres souverains. Selon les prévisions des analystes, l'impact de la dégradation du rating triple «A» aura pour conséquence d'induire une hausse des taux d'intérêt de 0,7% sur T-Bonds US, ce qui induira une pression de 100 milliards de dollars annuelle sur le déficit budgétaire fédéral. Même si la situation impactera directement les seuls bons du Trésor à long terme, la hausse des taux d'intérêt risque d'induire une contraction du marché interbancaire et, par ricochet, un resserrement du crédit. Situation qui avorterait toute reprise de la croissance. Deux grands créanciers asiatiques ont d'ores et déjà fait des déclarations en faveur des T-Bonds américains. Le vice-ministre des Finances sud-coréen a ainsi annoncé qu'«il n'y aura pas de changement concernant la politique de réserves en devises étrangères». C'est le même son de cloche du côté du Japon, deuxième créancier des Etats-Unis. Toutefois, le ministre nippon des Finances a insisté sur la nécessité de traiter les problèmes de distorsion sur les marchés des changes, la crise de la dette et la question économique américaine. De son côté, le ministre chinois des Affaires étrangères a appelé à une coordination entre puissances mondiales face aux risques des problèmes de la dette et appelé les dirigeants US à adopter une politique monétaire «responsable» et à protéger les investissements en dollars des autres pays. Les dirigeants européens se sont également entretenus dès vendredi avec le président américain pour trouver des solutions à même de calmer les marchés, inquiets à l'idée d'une contagion à l'Italie et à l'Espagne de la crise de la dette. Les déclarations laconiques du président ultralibéraliste de la BCE, Jean-Claude Trichet, sur les rachats d'obligations des deux pays, ont été sanctionnées par les marchés qui y ont vu le signe de divisions internes. L'institution européenne avait prévu une réunion d'urgence, hier soir, mais les responsables allemands réclament des garanties sur la mise en œuvre de sévères mesures d'austérité avant de donner leur feu vert.