Les fellahs dénoncent l'anarchie totale dans laquelle se déroule toujours la distribution des produits phytosanitaires. Des dizaines d'agriculteurs de la commune de Chetma, située à 7 km à l'est du chef-lieu de la wilaya, se sont rassemblés, ce dimanche, devant le portail d'entrée de l'institut régional de protection des végétaux de Feliache, dans la commune de Biskra, pour dénoncer «la totale anarchie caractérisant la distribution des produits phytosanitaires, notamment des acaricides indispensables pour lutter efficacement contre l'oligonychus afrasiaticus». Cet acarien, principal ennemi du palmier-dattier, de la forme d'une minuscule araignée communément appelée boufaraoua, est bien connu et redouté des fellahs de la région. Il aspire la sève des fruits encore verts et les enveloppe d'une toile blanchâtre et gluante, les rendant non comestibles. A la faveur des conditions climatiques, idéales pour le développement de ses larves, ayant marqué le mois de juillet, le boufaroua serait en train de faire des ravages dans les palmeraies. Cela en dépit de l'application par les fellahs des mesures prophylactiques consistant à bien entretenir la palmeraie, à lui assurer une irrigation régulière et un apport équilibré d'engrais sans omettre de nettoyer méticuleusement l'arbre et son environnement par la destruction des débris végétaux, des palmes sèches et des adventices. C'est là le premier rempart contre la propagation de cet acarien. Mais, quand le mal est profond, le seul remède, a expliqué un fellah, reste l'utilisation de produits chimiques spécifiques. Les producteurs de dattes en auraient grandement besoin. Et pas seulement ceux de Chetma. Quelques jours avant la montée aux créneaux des fellahs de Chetma, ceux de Foughala, Leghrous et Tolga, des communes dont la production de dattes de qualité s'est forgée une réputation internationale, ont soulevé le même problème dans une pétition adressée à la commission des affaires agricoles du Parti des travailleurs, laquelle s'en est faite l'écho auprès de la presse locale. Ces producteurs de dattes ne comprennent pas comment des communes foncièrement phoenicicoles ne reçoivent pas en quantités suffisantes les produits chimiques leur permettant d'éradiquer ce fléau pouvant gâter une partie des dattes ou complètement anéantir la récolte de toute une palmeraie. Le fait que des entreprises privées de traitement phytosanitaire proposent leurs services à raison de 60 DA le palmier traité, est un autre point soulevé par les agriculteurs qui estiment que l'administration des services agricoles préfère travailler en soumission, plutôt que de traiter directement avec eux. Un producteur de dattes de Doucen explique que le service agricole de sa commune a bien un camion et une équipe d'opérateurs pour épandre les produits anti-acariens mais il faudrait à ce véhicule des mois pour traiter tous les palmiers du coin. Les producteurs de dattes sont inquiets car si des mesures urgentes ne sont pas prises, le boufaraoua pourrait bien anéantir un pan entier de l'économie de la wilaya.