Les demandeurs d'asile et les réfugiés ne jouissent pas d'une protection juridique en Algérie. Les autorités ont pourtant signé tous les textes qui leur garantissent des droits. «La justice algérienne piétine le droit international. Des étrangers, qui certes sont entrés d'une manière illégale, sont considérés par les magistrats comme migrants économiques», a révélé, hier, lors d'une conférence de presse à Alger, Moueniss Lakhdari, secrétaire général de la section algérienne d'Amnesty International. «95% des étrangers qui sont en situation irrégulière consultent la section algérienne d'Amnesty International et le Croissant-Rouge algérien afin de se rapprocher du Haut-Commissariat aux réfugiés», a indiqué Moueniss Lakhdari, qui est également avocat de profession. La communauté subsaharienne est souvent victime de clichés péjoratifs. Des faits divers colportés traitent de l'arrestation d'individus originaires d'Afrique noire en possession de drogues dures ou à la tête de réseau de trafic de billets de banque. «La société algérienne incrimine l'ensemble des Subsahariens, alors que seuls quelques individus ont commis des délits et des infractions», constate M. Lakhdari. Ceci n'est pas sans répercussion sur les décisions de justice. «Lorsqu'un Subsaharien quitte son pays en proie à une guerre, il pénètre en Algérie d'une manière clandestine. Il ne peut pas faire autrement. En se rendant à la représentation de l'ONU, située à Hydra, on lui donne une carte de demandeur d'asile lui permettant de circuler librement dans le pays en attendant l'étude de son dossier et éventuellement l'octroi d'une carte de réfugié», analyse le SG de la section. L'intervenant a axé son propos sur la discrimination pratiquée par la justice algérienne à l'égard des Subsahariens. «En attendant de passer au statut de réfugié, il se peut qu'un ressortissant d'un pays d'Afrique subsaharienne, requérant asile, soit arrêté par la police. Une fois au tribunal, on ne daigne même pas lui ramener un traducteur. Pire, c'est que le magistrat n'applique pas le droit international. Il s'appuie paradoxalement sur le PV de la police judiciaire. Pour le juge, l'étranger en face de lui est entré dans le pays clandestinement. Il le condamne à quelques mois de prison avec sursis avec refoulement à la frontière. Il est donc transporté vers les camps de réfugiés implantés par l'ONU au nord du Mali. La convention de l'ONU est toutefois claire sur ce sujet. Le demandeur d'asile ne peut être reconduit aux frontières», a-t-il soulevé. Selon les données du HCR, présentées par M. Lakhdari, «l'Algérie compte 410 requérants d'asile, dont 70 Libériens, 70 Nigérians et 80 Camerounais». Dans le même sillage, le nombre de réfugiés vivant en Algérie est actuellement de 94 480. Le HCR recense 90 000 Sahraouis, tandis que les autorités algériennes avancent un chiffre de 160 000. Les Palestiniens sont au nombre de 4000. «Ils sont bien intégrés», selon l'agence onusienne. On comptabilise également 80 réfugiés originaires de la République démocratique du Congo.