La semaine des marchés a fini comme elle a commencé : la fébrilité caractérise toujours les échanges avec, comme toile de fond, la persistance des craintes sur les risques de contagion de la crise des dettes souveraines à l'ensemble de la zone euro. Malgré le train de mesures prises par la Banque centrale européenne afin de juguler un tant soit peu la crise, les rumeurs de marché ont fait leur œuvre, d'autant qu'elles ont ciblé, cette fois, la seconde économie de la zone euro. La rumeur voulait ainsi que la France risquait fort de perdre prochainement sa notation souveraine triple «A», sans oublier les risques de faillite pesant sur ses banques. Ce qui n'a pas été sans impact sur les marchés, lesquels ont malmené les obligations souveraines françaises. Les attaques et rumeurs de faillite ont ciblé le cas particulier des banques de l'Hexagone, lesquelles supportent une partie du fardeau de la dette grecque. Celles-ci ont d'ailleurs dû renoncer à leurs objectifs de bénéfices à cause de la dépréciation des titres souverains grecs qu'elles détiennent, à l'image de BNP Paribas, qui a passé une dépréciation avant impôt de 395 millions d'euros après avoir appliqué une décote de 21% sur ses titres souverains grecs. Le Crédit agricole a chiffré à environ 150 millions d'euros le coût de sa participation au soutien à la Grèce, tandis que Société Générale a dû renoncer à son objectif de bénéfices à 6 milliards d'euros pour 2012. La deuxième banque française par capitalisation a payé le tribut le plus lourd aux marchés en perdant 3 milliards d'euros de capitalisation boursière en une seule séance. Les bruits colportés à propos d'une hypothétique faillite de Société Générale ont enflé le 8 août, lorsque l'hebdomadaire britannique Mail on Sunday, apparenté au quotidien Daily Mail, a annoncé que la banque aurait besoin d'un plan de sauvetage. Les marchés se sont tout de suite emballés, provoquant des pertes de plus de 22% de valorisation boursière à la banque française. Les réactions dans l'Hexagone ont été des plus vives. La Fédération bancaire française a fait savoir, vendredi, que les banques françaises envisageaient d'engager des poursuites judiciaires à la suite des rumeurs qui ont fait chuter leurs cours en Bourse. Le gouverneur de la Banque de France a aussi souligné que les banques ont «confirmé leur solidité» lors de la publication de leurs résultats financiers pour le 1er semestre 2011. BNP Paribas a rappelé que Standard & Poors, Moody's et Fitch ont successivement indiqué que les rumeurs de remise en cause de la notation AAA de la France étaient infondées. Aussi, l'Autorité des marchés financiers a ouvert une enquête sur les rumeurs de marché ayant ciblé Société Générale. De même, la France a décidé, jeudi soir, d'interdire temporairement les ventes à découvert sur 10 valeurs financières françaises, dont Société Générale. Un risque pour les filiales algériennes ? Les ventes à découvert sont d'ailleurs au cœur de la polémique depuis le début de la crise grecque. «Une pratique spéculative qui ne répond pas à la réalité du marché», selon les propos du directeur général de Société Générale Algérie, Gérald Lacaze, qui nous explique que les spéculateurs vendent à découvert à un certain prix des titres qu'ils n'ont pas, lancent la rumeur pour casser ces mêmes actifs en Bourse puis les rachètent à un prix plus bas en encaissant des plus-values considérables. Le responsable français exclut toute faillite, ni même risque que cela n'impacte les activités de la banque en Algérie. M. Lacaze précise ainsi que «SGA, qui opère dans le cadre de la réglementation algérienne et dispose de fonds propres très conséquents (plus de 20 milliards de dinars) est particulièrement sereine et à l'abri des crises extérieures». Il a également rappelé que toutes les banques françaises ont réussi leurs stress tests dans le cadre de la réglementation Bâle 3, démontrant leur solidité financière en cas de situation économique adverse. Il faut toutefois préciser que l'exposition des banques françaises à la crise des dettes souveraines demeure élevée. Selon les statistiques de la Banque des règlements internationaux (BRI), les établissements bancaires de l'Hexagone étaient exposés fin 2010 à la dette grecque à hauteur de 56,6 milliards de dollars, alors qu'ils le sont pour 392,6 milliards de dollars en ce qui concerne la dette italienne, et pour 140,6 milliards de dollars pour le cas de la dette espagnole.