Après avoir accompli sa prière des taraouih, Islam Chabni, un jeune chanteur châabi qui avait grandi au sein des classes musicales de l'association culturelle Errachidia, convergeait vers la bibliothèque communale de Cherchell, pour animer une «sahra ramadhanesque». Juriste de formation, cadre à Algérie Télécom de Tipasa, Islam Chabni est un artiste très respecté par le milieu de la musique dans la wilaya de Tipasa. Lors de cette soirée, il avait pris congé de ses élèves pour semer le bonheur en ces moments nocturnes du mois d'août. Il faut le rappeler, que cet artiste enseigne bénévolement aux nouveaux petits élèves (filles et garçons, ndlr), la musique andalouse au sein de l'association Errachidia. Sur la scène mal éclairée, Islam Chabni et ses compagnons musiciens qui avaient suivi le même parcours que lui, se sont vite imposés. L'assistance observait un silence religieux. L'espace dans lequel s'est déroulé son spectacle dans une ambiance familiale était agréablement achalandé par les œuvres des artistes peintres venues de plus de 20 wilayas du pays. Avant de prendre place, les familles noctambules ont pu découvrir les œuvres de cette exposition de l'UNAC. L'artiste peintre Bakhti Abderrahmane, frère du chanteur Bâaziz, expliquait aux femmes et aux hommes les thèmes de chaque oeuvre exposée. Il est 22h30. Les premières notes de musique de l'orchestre emmené par Islam Chabni annoncent le début de la «sahra». En ce mois de Ramadhan, Islam Chabni s'est évertué à dévoiler une autre facette de son talent, en interprétant le chant medh . Ambiance familiale Le chanteur et son orchestre, durant deux heures pleines, ont interprété les chansons des chouyoukhs Abdelhadi et Abdellaziz –El-Maghraoui. Des paroles du medh chantées sur une composition musicale de châabi. L'assistance a apprécié le professionnalisme des compagnons du chanteur, en l'occurrence Sebbagh Kamel et Bouhraoua Fethi qui l'accompagnaient au violon, les autres virtuoses Amokrane Abdelhafidh (banjo ténor), Haddad Belkacem (banjo guitare), Menadi Chérif (tar) et Hamza Samy (derbouka) se complétaient dans leurs notes musicales. Le chanteur à l'aide de sa mandole ne cessait de balancer de temps à autre son regard vers ses complices pour rester dans le rythme. Son oreille musicale et sa maîtrise dans la gestion de son orchestre expérimenté de surcroît, auront permis à cette troupe musicale de produire un récital de haute facture. Après avoir interprété la chanson Nâam el kiyoum , Islam Chabni sans marquer de temps d'arrêt, s'est engagé rapidement dans l'interprétation des morceaux «khlassates» qui avaient enflammé le public présent. Des petites filles, encouragées par les you-yous stridents de leurs mamans, avaient quitté leurs chaises pour danser aux rythmes endiablés du châabi, lors des ultimes moments de cette soirée. Le public s'est libéré de son silence religieux pour accompagner l'orchestre par ses applaudissements. Derrière l'assistance, des hommes saoulés et emballés par la cadence musicale se sont mis à leur tour à danser dans un petit carré libre. Hamza Samy et Menadi Chérif, à l'aide du tar et de la derbouka, avaient plongé l'assistance dans le rythme d'une ambiance de fête familiale.