Basta, basta et mille basta ! Notre quotidien est un cauchemar. Les promesses de délocalisation des grossistes qui nous empoisonnent la vie depuis presque 20 ans sont restées lettre morte. Ayant pourtant bénéficié d'une grande parcelle devant abriter le marché de gros en alimentation, les grossistes, jouissant de la complaisance et de la complicité des autorités locales de l'époque, ont, pour nombre d'entre eux, érigé des hangars agrémentés d'appartements qu'ils ont vendus à des milliards. La délocalisation tant attendue est renvoyée aux calendes grecques», affirment en chœur des habitants de la cité des Abattoirs (promotion Kerouani), au cœur de la ville de Sétif. La dégradation de leur cadre de vie, le vacarme généré quotidiennement par plus de 700 camions (tous tonnages confondus) chargeant et déchargeant les marchandises de plus de 600 grossistes mettent les nerfs des habitants à fleur de peau. Ne voyant rien venir, les habitants de la promotion Kerouani, éprouvant du mal à passer leur Ramadhan dans la quiétude, se sont levés tôt, hier, pour fermer les différents accès de la cité. «Avec plus de 600 grossistes, la cité est devenue une zone d'activité en milieu urbain. Au problème de stationnement, s'ajoute le flux des véhicules squattant les différents espaces de la cité, transformée en fin de journée en un véritable dépotoir», soulignent les protestataires qui ont poussé les commerçants à baisser rideau. Pour alerter les pouvoirs publics, partie prenante dans ce problème qui perdure depuis le début des années 1990, les habitants ont bloqué la RN5 au niveau de l'évitement sud de la ville. Des pneus enflammés, des tas de pierres sont en travers de la chaussée. Les négociations entre les représentants des habitants et des officiers des forces de l'ordre ont certes permis de rétablir la circulation, mais les citoyens n'ont pas l'intention de baisser les bras : «Même si les commerçants, dont certains n'ont même pas de registre du commerce, disposent de gros moyens financiers pour faire traîner encore les choses, nous sommes décidés à tout entreprendre pour mettre un terme à leur diktat. Celui-ci a pris, durant le mois sacré, de graves proportions. Le ronflement des moteurs des véhicules de ces gens qui n'ont de respect pour personne débute parfois à l'aube. Avec un tel mépris, ils ont poussé le bouchon un peu trop loin. La patience, qui ne veut pas dire silence ou lâcheté, a des limites. Après des décennies d'attente, on ne voit pas le bout du tunnel, d'autant plus que les différents responsables, qui ne se soucient que de leur carrière, n'ont pas voulu prendre à bras-le-corps ce problème, l'un des points noirs de la ville qui n'est plus belle ou propre, comme le laissent entendre certains adeptes de la langue de bois. Pis encore, l'empiètement de l'activité commerciale a massacré notre existence. Figurez-vous qu'on ne peut ni ouvrir nos fenêtres dans la journée ni même organiser des fêtes ou veiller un mort dans le calme.» Ces citoyens en colère ont fait part de leur désarroi au nouveau chef de daïra qui s'est rendu sur les lieux pour constater la situation de visu et désamorcer à moyen terme une bombe à retardement. Il convient de souligner que la tension n'a pas baissé, hier. La forte mobilisation des habitants, décidés à reconquérir leur espace, a dissuadé les grossistes à reprendre leur activité. Pour éviter tout dérapage, la police était sur le qui-vive.