L'image de la FIFA est sévèrement écornée. Le rapport de l'ONG Transparency International, publié hier, a enfoncé un peu plus le clou en soulignant : «Tout au long de son histoire, les activités de l'instance suprême du football ont toujours été opaques». Ce rapport de 12 pages étale au grand jour les carences et dérives de la FIFA en matière de gestion. La FIFA est éclaboussée par les scandales de corruption sans que son président, Joseph S. Blatter, s'inquiète de cette préoccupante situation. Transparency International lui recommande «d'élaborer un code de conduite», demande aux dirigeants de la FIFA «de révéler de potentiels conflits d'intérêts et d'encadrer les dons aux personnes». Ce passage vise directement M. Blatter, qui gère la fortune de la FIFA comme un bien personnel. En juin et juillet derniers, la FIFA a fait comparaître le Qatari Mohamed Ben Hammam devant le comité d'éthique pour «tentative de corruption présumée». C'est M. Blatter lui-même qui a actionné la procédure pour écarter de la course son rival à l'élection au poste de président de la FIFA. Le Qatari était accusé d'avoir versé 40 000 dollars à des dirigeants de la Confédération de football des Caraïbes en échange de leurs voix lors du dernier scrutin. Résultat des courses : Mohamed Ben Hammam a été radié à vie de toute activité liée au football et Joseph S. Blatter a gardé son trône pour un autre mandat. Lui aussi a comparu devant le comité d'éthique qui, bien sûr, l'a lavé de tout soupçon. Frappés d'amnésie, ses membres, ainsi que le président de l'UEFA, Michel Platini, n'ont pas évoqué «les dizaines de milliers de dollars que Blatter a remis aux dirigeants de la Confédération de football des Caraïbes lors de l'assemblée générale tenue en mai, et que Platini lui-même a dénoncés», souffle une source asiatique. A l'époque, le premier responsable de l'UEFA avait critiqué Blatter pour le généreux don remis en mai à Trinidad et Tobago. C'est ce «geste» que Transparency International condamne à travers les termes «encadrer les dons aux personnes». Blatter en a abusé pour asseoir son pouvoir. Dans son rapport qui stigmatise «le mode de désignation de ses dirigeants à limiter la durée de leurs mandats, à augmenter la transparence dans ses transactions financières et la manière dont sont prises les décisions les plus importantes», Transparency International rejoint les critiques formulées par le président du Bayern Munich, Karl Heinz Rummenigge, qui déclarait dans une interview à France Football, le 9 août 2011 : «Les corps constitués, FIFA et UEFA, doivent reconnaître que le temps de la démocratie et de la transparence est maintenant venu. La famille du football n'est pas heureuse du système qui a été mis en place par ces ‘‘gentlemen''. Il y a une corruption au quotidien au sein de la FIFA. Une nouvelle histoire sort tous les jours. Il faut en finir avec cela et nettoyer le monde du football pour son bien». Une semaine déjà s'est écoulée depuis la publication de cette interview et la FIFA n'a pas du tout réagi. Elle est dans ses petits souliers. Elle ne s'est pas totalement remise de l'été pourri qu'elle vient de vivre. Le pathétique «Vamos» lancé de la tribune par M. Blatter après sa réélection en juin n'a eu aucun effet, même si l'instance clame toujours qu'elle «est déterminée à améliorer continuellement son organisation en mettant l'accent sur une plus grande transparence et sur une tolérance zéro vis-à-vis de toute forme de corruption». Malgré ce vœu pieu, elle est prise en défaut par l'épisode de la sanction de Mohamed Ben Hammam radié à vie pour «tentative de corruption présumée». Pourquoi alors le «présumé corrompu», le Trinidadien Jack Warner, vice-président de la FIFA, n'a-t-il pas écopé de la même sanction ? La FIFA lui a ouvert une porte de sortie en justifiant sa «clémence» vis-à-vis de Warner par le fait qu'il a démissionné. Un observateur a fait cette réflexion : «C'est quoi cette ‘‘justice'' qui sanctionne un corrupteur (présumé) et qui ferme les yeux sur un corrompu (présumé) ?» C'est, tout simplement, le mode de fonctionnement à la FIFA de Blatter. Le rapport de Transparency International n'y changera rien.