La nouvelle information statistique d'Eurostat confirme la thèse selon laquelle le noyau dur économique européen n'est plus en mesure de soutenir les maillons fragiles de l'union monétaire. Les économies réputées solides lâchent pied. La France et l'Allemagne, les pays les plus solides et les plus solvables de la zone euro, semblent avoir pieds et poings liés face à une zone euro qui n'a jamais été aussi fragile. La croissance allemande a crû de 0,1% au deuxième trimestre de l'année en cours contre 0,4% attendu, alors qu'en France, elle a été nulle. Les premières estimations, publiées hier par l'office européen des statistiques Eurostat, viennent confirmer les appréhensions des marchés financiers quant au ralentissement de la machine économique de la zone euro. C'est le bouquet ! Ce boulet vient s'ajouter à une situation déjà complexe, marquée surtout par la crise de la dette qui pénalise les pays les plus fragiles de la zone euro. La nouvelle information statistique d'Eurostat confirme la thèse selon laquelle le noyau dur économique européen n'est plus en mesure de soutenir les maillons fragiles de l'union monétaire. Cette donne fait peser plus que jamais le risque d'éclatement de la zone euro. A ce propos, le prix Nobel d'économie, Joseph Stiglitz, est allé jusqu'à faire le prêche tabou : dire à l'Allemagne de quitter la zone euro. Selon lui, l'euro survivrait mieux à un départ de l'Allemagne qu'à celui des pays fortement endettés comme la Grèce ou le Portugal. Lors d'une émission diffusée par la chaîne britannique BBC, Joseph Stiglitz a jugé que l'Allemagne subirait de «graves conséquences» si les pays en difficulté de la zone euro ne parvenaient pas à rembourser leurs emprunts. Selon le prix Nobel d'économie, «il vaudrait mieux en fait pour l'euro que l'Allemagne parte parce que les conséquences d'une restructuration de la dette en cas de départ de la Grèce, du Portugal ou de l'Irlande, seraient très importantes». Une autre question s'impose : la zone euro survivra-t-elle sans l'Allemagne ? Plombées par les craintes suscitées par les mauvais chiffres de la croissance en Allemagne, les Bourses mondiales se repliaient hier à nouveau, alors que le président français Nicolas Sarkozy et la chancelière allemande Angela Merkel entamaient, dans l'après-midi à Paris, leur mini-sommet pour restaurer la confiance dans la zone euro. En attendant les résultats de cette entrevue, les marchés financiers européens ont replongé dans la matinée d'hier, avant de limiter leurs pertes dans l'après-midi à l'annonce par l'agence de notation Fitch Ratings qu'elle maintenait son triple A aux Etats-Unis. Le 6 août, sa concurrente Standard & Poor's avait baissé d'un cran la note souveraine de la première puissance mondiale, soulevant un vent de panique sur les marchés. Cependant, le maintien du triple A par Fitch Ratings ne règle pas pour autant la situation budgétaire et la dette publique des USA. A Wall Street, la tendance était également à la baisse dans la foulée des Bourses européennes. Le Dow Jones se repliait de 0,46% tandis que le Nasdaq perdait 0,85%.