La croissance économique de la zone euro a atteint au deuxième trimestre son rythme le plus élevé depuis plus de trois ans, tirée par l'Allemagne et la France, montrent les premières estimations publiées vendredi par Eurostat, même si des craintes demeurent quant à un possible ralentissement économique. Selon les chiffres de l'agence de statistiques de l'Union européenne, le produit intérieur brut (PIB) des 16 pays ayant l'euro pour monnaie a crû de 1,0% d'un trimestre à l'autre et de 1,7% par rapport au deuxième trimestre 2009. Ces chiffres sont conformes aux attentes des économistes, révisées à la hausse vendredi après la publication des PIB allemand et français. Les économistes estiment qu'il s'agit, en la matière, des chiffres les plus élevés depuis au moins trois ans et demi. Pour le premier trimestre, la croissance de la zone euro a été confirmée à 0,2% en rythme trimestriel et à 0,6% en rythme annuel. "Pour les prochains trimestres, on anticipe en revanche une forme de ralentissement. Il y aura de la croissance, mais elle sera moins élevée que celle observée au deuxième trimestre, car l'Europe va suivre les Etats-Unis où l'on a également vu ce ralentissement au cours des derniers mois", prévient toutefois Hans Bevers, économiste chez KBC. L'Allemagne a annoncé en début de matinée avoir enregistré au deuxième trimestre une croissance de 2,2%, soit son rythme le plus élevé depuis la réunification, grâce à la hausse des investissements et des exportations, tandis que l'économie française a crû durant la même période de 0,6%. "L'Allemagne est capable de répondre rapidement au redressement de la demande mondiale", souligne Astrid Schilo, économiste chez HSBC. "Ils ont des biens que veulent les gens. C'est ce qui nous notons dans ces chiffres. Mais l'on doit se rappeler que cela peut se contracter tout aussi rapidement." Bien que les chiffres de la croissance de la zone euro au deuxième trimestre soient jugés encourageants et que la Banque centrale européenne ait également jugé encourageants les signes du trimestre en cours, les perspectives à plus long terme pâtissent des atermoiements de la croissance américaine et de celle de la Chine. L'évolution du moral des ménages et des investisseurs dans la zone euro s'est pourtant révélée encourageante ces dernières semaines, alors que l'inflation reste maîtrisée. Cependant, avec un taux de chômage de la région qui reste à son niveau le plus élevé depuis 12 ans, à 10%, et alors que la plupart des Etats devraient durcir leurs mesures d'austérité pour rétablir leurs finances publiques, les perspectives d'une hausse des dépenses des ménages sont faibles. En effet, la croissance économique allemande a atteint au deuxième trimestre un niveau sans précédent depuis la réunification du pays grâce à la relance de l'investissement des entreprises et au rebond des exportations, confirmant la vigueur de la reprise la première économie d'Europe. Le produit intérieur brut (PIB) allemand a crû de 2,2% sur la période avril-juin par rapport à janvier-mars selon les statistiques officielles publiées vendredi, un chiffre qui dépasse les pronostics les plus optimistes. En moyenne, les 34 économistes et analystes interrogés par Reuters anticipaient une croissance de 1,3% d'un trimestre sur l'autre. Le chiffre de la croissance du premier trimestre a en outre été révisé à la hausse, à +0,5% contre +0,2% initialement annoncé. Le ministre de l'Economie, Rainer Brüderle, a déclaré que la croissance de l'ensemble de l'année pourrait être nettement supérieure à 2%, alors que la prévision officielle du gouvernement était jusqu'à présent de 1,4%. Plusieurs économistes envisagent désormais une hausse d'au moins 3% du PIB cette année. Le chiffre bien supérieur au consensus publié vendredi a déjà conduit les économistes à revoir à la hausse leur estimation de la croissance pour l'ensemble de la zone euro, à 1,0% en moyenne contre 0,7% jusqu'ici. Eurostat doit publier le chiffre officiel à 9h00 GMT. L'euro s'appréciait face au dollar après ces annonces et les marchés boursiers européens, orientés à la baisse ces derniers jours, progressaient en matinée. Les exportateurs allemands ont tiré la reprise de l'ensemble du pays après la plus sévère récession de l'après-guerre. Les ventes à l'export ont notamment bénéficié ces derniers mois de la faiblesse de l'euro, qui s'est déprécié d'environ 10% par rapport au dollar depuis le début de l'année. Pour Rainer Brüderle, les chiffres du PIB prouvent que le gouvernement doit poursuivre sa politique d'austérité budgétaire et la mise en oeuvre du plan de réduction des déficits de 80 milliards d'euros. Les analystes s'attendent néanmoins à ce que les coupes budgétaires qui touchent l'ensemble de l'Europe pèsent sur l'activité économique et freinent la demande étrangère pour les produits allemands, au moment où la reprise américaine montre des signes répétés d'essoufflement. Mais même une croissance ralentie aux troisième et quatrième trimestres pourraient permettre à Berlin d'afficher une croissance de plus de 3% sur l'ensemble de 2010.