La cité des 47 Logements, sur la rue Lamali Mohamed, fait face à la première sûreté urbaine qui a été ciblée, le 14 août, par un attentat kamikaze, au centre-ville de Tizi Ouzou. Des dizaines de jeunes et de pères de famille, visiblement inquiets, se sont rassemblés devant un immeuble. Ils se préparent à fermer la route pour exiger la présence du wali. Ces citoyens revendiquent une prise en charge sérieuse des dégâts engendrés par la déflagration. «Cela fait maintenant 5 jours qu'on attend une prise en charge matérielle de la part des autorités. A part la visite des psychologues et le constat de la police scientifique, aucune autre autorité ne s'est déplacée chez nous pour s'enquérir de l'étendue des dégâts occasionnés par l'explosion», fulmine un habitant. Traumatisées, des familles ont quitté leurs appartements endommagés. «Nous avons peur que ce qui reste des murs s'écroule sur nos têtes.» Les résidants exigent, en fait, l'expertise du contrôle technique des constructions (CTC) avant l'établissement des fiches techniques. Cela permettra d'évaluer avec exactitude l'habitabilité des maisons, l'évaluation des dégâts avec précision avant d'entamer les travaux. «Sachez que notre immeuble a été touché lors de l'attentat de 2008. Le bâtiment est vulnérable», se plaint un habitant. Virée dans l'un des appartements. Les dégâts matériels sont considérables : portes et fenêtres arrachées, murs lézardés, les cloisons des balcons donnant sur l'extérieur menacent de céder et du mobilier complètement démonté par le souffle. L'image témoigne de la violence de la déflagration. «Nous avons déjà fait l'expérience avec les services de l'OPGI. Défaillante», lâche un citoyen. «Une somme de 1,2 million de dinars a été débloquée, il y a 3 ans pour la réfection du réseau d'assainissement mais rien n'est fait. Là, nous attendons depuis 5 jours !» ajoute un autre habitant. «Les services de l'OPGI sont venus et des entreprises fantoches ont été engagées pour prendre les mesures. On ne les laissera pas bâcler le travail. L'idéal, c'est d'établir des fiches techniques pour chaque appartement», tonne notre interlocuteur. L'ampleur des dégâts varie d'un appartement à l'autre. De leur côté, les commerçants qui sont installés dans les alentours du commissariat redoutent la réédition de la «prétendue prise en charge matérielle» promise en 2008, suite à l'attentat qui avait ciblé la direction des renseignements généraux (RG). «Aucun des commerçants n'a été indemnisé en 2008», affirme un riverain. Un officier de police informe les protestataires que «le wali s'est rendu à l'enterrement de l'un des policier assassinés avant-hier, à Thala Bounane, sur la route d'Aït Aïssi». «Nous l'attendrons», dit succinctement un résidant. «Dans les faits, il n'y a pas lieu de parler de prise en charge matérielle», crie un habitant, démentant l'information rapportée par l'APS faisant état du «bon avancement de la prise en charge psychologique et matérielle». Néanmoins, les psychologues de la direction de l'action sociale se sont occupés, dimanche, d'une cinquantaine de familles. Les personnes examinées souffrent de traumatismes psychiques. Les victimes ont présenté, alors, des troubles psychiques, dont des pertes d'appétit, manque de sommeil, épuisement, perte de conscience, tremblements, cris et maux de tête, a-t-on précisé.