Hamdi Benani, icône du malouf , et Ziad Gharsa, maître incontesté de ce genre en Tunisie, ont animé, mercredi dernier, une soirée musicale à Souk Ahras. Au grand bonheur d'un public acquis d'office à ces deux monuments de la musique traditionnelle maghrébine, les deux chantres n'ont quitté la scène qu'à quelques minutes du shour. Le premier a repris, avec une touche propre à lui, des chansons tirées du terroir et, ô combien appréciées par les familles présentes cette nuit dans la cour du CEM Ibn Khaldoun. Djismi bik maridh (de toi, mon corps est malade) Ya bahi el djamel, Djoud li bil wafa (beauté, ne me prive pas de retrouvailles) et plusieurs autres textes ont d'abord mis tout le monde dans l'ambiance d'une musique qui continue à braver le temps grâce à la beauté du verbe et les insinuations fort discrètes de l'amour courtois. Avec son khlass Aadala ya aadala, il fait danser tout le monde et provoque les youyous des femmes. Ziad Gharsa révèle dès les premières minutes son talent de pianiste et maintient tout le monde en haleine, le long des vingt minutes de son entrée musicale. Il fera «parler» à tour de rôle luth, violon, instruments à percussion et kanûn par les membres de son orchestre. Avec Khil Salem (les chevaux de Salem) et El meguiess (le bracelet), chansons puisées du terroir tunisien, il subjugue son public et provoque chez lui l'euphorie. Danses et chants en chœur étaient au rendez-vous d'un artiste complet qui n'improvise que pour plaire à ses mélomanes. Harramtou bik nouaâssi (vous m'interdisez le sommeil) dont les paroles appartiennent au répertoire andalou est introduit avec tact dans un récital où le maître a réussi à composer entre les deux genres dans un cocktail subrepticement interprété, sans porter atteinte aux spécificités de chaque école. Le charme a été complet avec la sortie en duo des deux chanteurs.