« L'Inspection générale des finances (IGF) joue actuellement un rôle de pompier. Elle arrive pour constater les dégâts. » L'affirmation est d'un haut responsable de l'IGF, ayant requis l'anonymat, rencontré hier au siège du ministère des Finances. Cette structure relevant du département de M. Medelci est chargée de « contrôler » les organismes et autres établissements étatiques sur la base de données faisant état de « retards » dans la réalisation d'ouvrages ou d'informations sur d'éventuelles malversations. Un programme est établi annuellement sur la base des priorités définies par le ministre des Finances qui saisit l'IGF pour les besoins d'« éclairage » sur l'utilisation des deniers publics. Disposant de quelque 250 agents opérationnels, l'IGF souffre, selon l'un de ses représentants, d'un manque cruel de moyens. « 250 bergers ne peuvent contrôler un troupeau d'un million de moutons », affirme notre interlocuteur. La tâche qui lui est assignée est, de l'avis de ses responsables, « immense ». Et c'est principalement ce qui la paralyse. Un autre responsable estime que l'IGF aurait été gênée par le contrôle « au sein de l'appareil financier et l'ampleur de ses tâches d'évaluation de politiques publiques, ce qui a conduit à un certain relâchement de la surveillance des services financiers, bien que déchargés du contrôle et de l'évaluation des entreprises publiques ». Pour rester conforme aux objectifs qu'elle s'est fixés et ne pas se bureaucratiser, les spécialistes estiment que l'IGF doit « adapter sa capacité d'évolution ». Les textes devraient, selon les représentants de l'IGF, se conformer aux changements économiques que connaît actuellement l'Algérie, notamment la fin du monopole de l'Etat sur les entreprises. L'histoire juridique de l'IGF en Algérie remonte à la loi 62-157 du 31 décembre 1962. En application des dispositions du décret 92-78 du 22 février 1992 fixant les attributions de l'IGF, le contrôle s'exerce sur la gestion financière et comptable des services de l'Etat et des collectivités territoriales, les Epic, les exploitations agricoles, les organismes de sécurité sociale ainsi que les institutions, organes et établissements soumis aux règles de la comptabilité publique. Cela devra changer bientôt, selon Mourad Medelci. Le département des Finances prévoit de passer de cette gestion « comptable » à une autre basée sur les résultats.