A-t-on tiré les leçons des multiples scandales financiers qui ont éclaté ces derniers mois ? A priori oui, puisque le gouvernement a décidé de remettre sur pied les mécanismes de contrôle de la gestion des deniers publics. Longtemps marginalisées, l'Inspection générale des finances (IGF) et la commission nationale des marchés seront réactivées. Elles auront désormais de nouvelles prérogatives. C'est ce qu'a affirmé le ministre des Finances, Mourad Medelci, invité hier matin de la rédaction de la Chaîne III de la radio nationale. Le travail de l'IGF, selon lui, sera élargi aux entreprises publiques qui seront considérées, dorénavant, comme des administrations. « La décision a été prise par le gouvernement pour que, désormais, les institutions de contrôle touchent de la même manière les administrations et les entreprises publiques économiques. Ces dernières seront considérées comme des administrations, puisqu'il s'agit de l'argent que l'Etat a mis à leur disposition pour le faire fructifier », a-t-il précisé. Un décret relatif au renforcement des prérogatives de ces deux organismes chargés de contrôle, a-t-il annoncé, sera signé et validé dans les prochaines semaines. Ce texte permettra, a-t-il ajouté, le bon fonctionnement des dispositifs de contrôle. Ce décret va permettre aussi de revoir les attributions de l'IGF et d'expliciter davantage les responsabilités de chacun dans la mise en œuvre des rapports élaborés par cette dernière. L'ensemble des mesures seront, a-t-il indiqué, opérationnelles avant la fin du premier semestre de l'année en cours. Ce faisant, le grand argentier du pays a insisté sur la nécessité, pour l'IGF, de multiplier ses contrôles et l'importance de la prise en charge de ces rapports. Une prise en charge qui devrait être assurée par le ministère. Le ministre a tenu à rassurer, dans la foulée, que cette structure jouit « d'une indépendance extrême ». « Lorsque l'IGF fait un constat et qu'il est signé, le ministre ne peut ajouter ni retrancher une virgule, c'est un corps d'inspecteurs totalement indépendant », a-t-il soutenu en démentant l'information faisant état « de la disparition de certains des rapports de l'IGF par le passé ». « Il n'existe pas de rapport disparu au niveau de l'IGF. Ce sont des propos qui sont tenus par des gens que je ne veux pas désigner », a-t-il martelé. Les autorités, selon lui, ont entrepris une batterie de mesures, dès l'éclatement du scandale Khalifa, en vue d'améliorer le contrôle des finances publiques. « Au lendemain de l'affaire Khalifa (en 2005), nous avons constaté au gouvernement un certain nombre d'imprécisions dans les textes et nous avons revu la loi sur la monnaie et le crédit ainsi que la loi sur les infractions des changes, et ce, pour améliorer le dispositif de contrôle », a-t-il expliqué en refusant de faire d'autres commentaires sur cette affaire qui « est actuellement devant la justice ». Revenant sur le système budgétaire du pays, Mourad Medelci a rappelé la volonté du gouvernement de le moderniser d'ici 2009. Le ministère, a-t-il souligné, a mis en place un programme de formation pour ses cadres afin de répondre aux besoins des réformes entreprises. Un programme qui va s'étaler sur quatre ans (jusqu'à 2009). Les mesures annoncées étaient, a-t-il noté, « le fruit de travail d'un groupe de haut niveau constitué des différents ministères concernés ».