Après une série de violations, l'ambassade algérienne à Tripoli (Libye) est depuis avant-hier sous le contrôle des rebelles libyens. A l'intérieur des locaux de la chancellerie algérienne, se trouvent six diplomates, quatre fonctionnaires et deux femmes. L'ambassadeur est en congé annuel. Actuellement, ils sont séquestrés par les rebelles dans une pièce au 12 rue El Kiraoune à Tripoli, apprend-on auprès de leurs familles résidant à Alger, Oued Souf, Annaba, Aïn Beïda, Constantine et Jijel. Le personnel de l'ambassade algérienne a été surpris, selon toujours la même source, dans la nuit du 21 au 22 août vers 1h du matin par l'incursion d'un groupe armé d'une cinquantaine de personnes dans les locaux de la représentation diplomatique algérienne, forçant ses occupants, kalachnikov à la main, à s'installer tous dans une seule pièce avant de vider le parc de l'ambassade de 6 véhicules. «Ils nous ont signifié que l'Algérie a toujours assisté le colonel Mouammar El Gueddafi et son régime. Ils nous ont obligés à rester groupés dans une seule chambre en attendant la décision de leurs supérieurs. Nous craignons le pire», raconte au téléphone un des diplomates algériens d'une voix terrorisée et à peine audible. Devant cette situation hostile, les familles des diplomates algériens séquestrés par les rebelles libyens exhortent le président Bouteflika, à travers son ministère des Affaires étrangères, à les rapatrier sains et saufs dans les plus brefs délais possibles. Par ailleurs, le personnel du consulat général d'Algérie dont le siège est implanté également dans la capitale libyenne, rue El Dhil Benachour et celui de Sebha à la cité Naciria n'ont pas été inquiétés, affirment les familles des diplomates algériens. «Heureusement que leurs familles avaient été rapatriées au lendemain du déclenchement des hostilités», ajoute la même source. Le temps est à l'inquiétude. D'autant plus que les autorités algériennes gèrent mal ce type de dossier. En effet, cet incident nous rappelle celui des diplomates algériens enlevés par les terroristes d'Al Qaîda dans la capitale irakienne, Baghdad, et lâchement égorgés. Il s'agit du président de la mission diplomatique algérienne, Ali Belaroussi 62 ans, et l'attaché diplomatique Azzedine Belkadi 47 ans qui avaient été assassinés le 27 juillet 2005 par Al Qaîda. Avec les diplomates algériens, otages de la rébellion libyenne, Alger doit être efficace. D'autant plus que le climat est favorable si l'on se réfère aux appels des responsables du CNT à la retenue. Mahmoud Jibril, l'un des principaux responsables du Conseil national de transition (CNT) s'est exprimé hier à l'adresse des rebelles : «La vengeance et les violences seraient une insulte et une honte pour notre révolution.» Même le président américain a également appelé les rebelles libyens à respecter les droits de la population, préserver les institutions de l'Etat et les représentations diplomatiques et marcher vers la démocratie. En effet, s'ils font le contraire, les rebelles perdent, du coup, la qualité de «révolutionnaires» qu'ils voulaient, à tout prix, s'attribuer et se discréditent grandement et à jamais. Depuis le début des hostilités entre les rebelles et les forces du régime libyen, le CNT a toujours accusé l'Algérie de soutenir le colonel El Gueddafi en moyens humains et militaires. Depuis l'installation officielle du CNT, l'Algérie ne l'a toujours pas reconnu, ni même demandé le départ du président libyen.