Sept crimes ont été enregistrés depuis le début du mois, près de 200 victimes d'agression à l'arme blanche admises aux UMC et une moyenne de 8 victimes par jour : tel est le bilan dramatique de la violence durant la première quinzaine du mois de Ramadhan dans la wilaya d'Oran. Si le chiffre avancé pour le nombre de crimes est exact, celui du nombre de victimes d'agression ne reflète pas la réalité, car s'agissant des personnes admises aux UMC du CHU d'Oran seulement. En fait, au niveau des services des urgences de l'hôpital de Aïn El Turck et ceux de l'hôpital d'El Mohgoun (à l'est d'Oran), les admissions de victimes d'agression sont également enregistrées chaque jour que Dieu fait. Il y a également le cas des antagonistes dans les disputes généralement armés de couteaux qui refusent de se rendre aux UMC de peur de se faire prendre par la police qui a installé un poste permanent au niveau de ce service. Selon des urgentistes, le nombre de victimes d'agression dépasse les 200, on peut même parler de plus de 250 pour la première quinzaine du mois de Ramadhan. Nos interlocuteurs expliquent qu'ils sont préparés pour le mois de Ramadhan qui est, pour eux, le mois le plus sanglant de l'année. On impute la responsabilité de cette violence au jeûne. L'on apprendra que le flux des victimes d'agression est enregistré aux UMC, à l'approche de l'heure de la rupture du jeûne ou juste après le f'tour. S'agissant de la nature des blessures, on nous confiera qu'on a eu à recoudre des doigts, à suturer des plaies importantes sur les visages et différentes parties du corps. «Nous avons également, indiquent des urgentistes, sauvé des vies in extrémis suite à des coups de couteau qui ont touché des points sensibles du corps.» Dans la rue oranaise, tout le monde parle d'insécurité. «Les vols et les agressions nous empêchent de circuler librement de jour comme de nuit dans les quartiers de la ville, la sécurité est renforcée au centre-ville dans les boulevards commerciaux et les artères à grande affluence tels que celui dit Dubai», dira un habitant du quartier Maraval. A haï El Nour et à haï El Yasmine, le problème de l'insécurité est à maintes reprises soulevé par les riverains. «Les rondes de police sont rares», déplore-t-on. Dans d'autres quartiers de la ville, à l'exemple de Derb, c'est carrément un gang qui sévit de jour comme de nuit. «Cette bande de repris de justice notoire sème la terreur dans ce quartier précisément dans la rue commerciale, celle parallèle au boulevard Maâta Mohamed El Habib», dira un commerçant qui ironise : «Il ne manquait plus que ça, en plus des travaux du tramway qui font basculer notre chiffre d'affaires, il y a aussi cette bande de repris de justice qui font fuir nos clients. Si l'insécurité persiste, on fermera boutique.» Rappelons qu'il y a quelques années, pour le même motif, les commerçants de Derb ont baissé rideau. A haï El Daya, ex-Petit lac, les commerçants du marché de fruits et légumes assistent chaque jour à des agressions, ils ont même assisté à un crime, le quatrième enregistré dans la ville d'Oran. Dans ce quartier, et dans ce marché en particulier, un jeune de 25 ans a été tué par son ami. Il lui a asséné un coup de couteau au niveau du cœur. «On tue pour la plus banale des raisons, une fois le couteau tiré, il faut s'attendre au pire, pourtant, le crime n'est pas prémédité», nous explique-t-on. Cela est le cas pour le jeune commerçant ambulant qui a tué un autre à cause d'un espace devant la cité Dar El Hayat. A cause d'une place, les jeunes qui avaient l'habitude de travailler côte à côte se sont disputés, les couteaux ont été tirés et l'un d'eux a trouvé la mort quelques jours après son admission aux UMC, l'autre est actuellement en détention. Rappelons que l'année dernière, 6 crimes ont été signalés à Oran durant le mois de Ramadhan, cette année 7 crimes ont été enregistrés durant la première quinzaine. Pourtant, un grand déploiement des éléments de la police et de la gendarmerie a été annoncé. Les policiers et les gendarmes de leur côté annoncent des arrestations d'agresseurs au quotidien. Malheureusement, cela ne semble pas suffisant, les citoyens continuent à se plaindre de l'insécurité à Oran.