Les regards seront braqués aujourd'hui sur la capitale égyptienne où la réunion ministérielle extraordinaire de la Ligue des Etats arabes doit entériner le changement survenu en Libye et lever le voile sur sa relation avec les nouvelles autorités libyennes. L'organisation arabe, qui avait décidé en mars dernier de geler la participation de la Libye, marquée alors par un soulèvement limité au début à la ville orientale de Benghazi, est en tout cas appelée à mettre fin à cette réserve, tout de même rare dans ses annales. L'évolution est remarquable, puisque la Ligue prend acte des soulèvements, rompant avec l'alibi selon lequel il s'agit de questions internes, et cela est aussi valable pour la Syrie, l'autre sujet de l'ordre du jour. Et en ce qui concerne la Libye, la question est tranchée puisque le pouvoir a changé de main, et surtout que le consensus dont se prévaut la Ligue arabe a volé en éclats depuis que certains de ses membres ont refusé d'en tenir compte, en reconnaissant les nouvelles autorités libyennes. Même si elle tient à rappeler de manière officieuse qu'«elle n'est pas un Etat pour reconnaître la Libye», la Ligue n'en est plus là, puisqu'il a été convenu, pour la réunion d'aujourd'hui, de prendre acte du changement survenu en Libye et d'autoriser les nouvelles autorités à occuper le siège de la Libye. Ne parlant certainement pas en son nom, le tout nouveau secrétaire général de la Ligue, l'Egyptien Nabil Al Arabi dont le pays a reconnu le Conseil national de transition, soulignait hier qu'«il y a eu accord parmi les pays arabes, lors de la dernière réunion des ministres arabes des Affaires étrangères à Doha, sur le fait que le moment est venu pour la Libye de récupérer son siège à la Ligue arabe, et que le CNT libyen sera le seul représentant légitime de l'Etat libyen à la Ligue». Le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, a pris part à cette réunion consacrée, au départ, à l'examen de la question de la candidature de la Palestine en qualité d'Etat membre de l'ONU, mais les débordements étaient inévitables. En ce sens, beaucoup n'en auront retenu que les recommandations relatives à la Libye, alors que les deux sujets auraient dû être traités séparément. Y avait-il urgence même si une question allait dominer les débats, avec le risque bien réel que l'autre serait occultée ? A voir la réaction de la Ligue arabe, la réponse est oui sur toute la ligne, puisque la réunion d'aujourd'hui est en elle-même exceptionnelle. Reste maintenant la question du consensus, et il ne fait aucun doute qu'elle ne se pose même plus depuis mardi dernier. Cela veut dire que l'Algérie n'aura d'autre choix que d'en tenir compte, et d'agir en conséquence. Et mettre ainsi fin à ces non-dits comme le drapeau du CNT flottant sur l'ambassade de Libye à Alger, où un diplomate étranger affirme avoir vu de «nouveaux locataires», ce qui ne peut se faire sans l'approbation des autorités du pays d'accueil.