Les éditions Gallimard publient l'art français de la guerre, dont la presse le qualifie de livre important sur la colonisation. Lyon De notre correspondant Comme pour chaque rentrée littéraire, des parutions interpellent directement ou indirectement l'Algérie et l'émigration. Ainsi, les éditions Gallimard publient L'art français de la guerre, un premier roman d'Alexis Jenni dont la presse dit que c'est un livre important sur la colonisation. Boualem Sansal publie aux mêmes éditions son nouveau roman Rue Darwin. Selon l'éditeur, le livre «nous emporte dans un récit truculent et rageur dont les héros sont les Algériens, déchirés entre leur patrie et une France avec qui les comptes n'ont toujours pas été soldés».Chez Albin Michel, Ali Magoudi donne Un sujet français. C'est la recherche par l'auteur de son père décédé. Une enquête vertigineuse qui le mène des archives de l'administration française à la Pologne et l'Algérie, du début du XXe siècle à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Chez Albin Michel, paraîtra dans quelques semaines Les mille et une vies, récits et rêves des gens des quartiers, de Ludovic Souliman. L'auteur parle des «pauvres, des oubliés, des laissés-pour-compte, des gens de cités, comme on dit aujourd'hui. Il ne travaille pas en banlieue, il y vit, il s'y fait des amis, il y invente des fêtes de paroles, il y est chez lui parce qu'il ne représente personne, ni organisme d'Etat, ni association humanitaire. C'est un homme du peuple qui parle aux gens du peuple et les écoute dire», écrit le poète Henri Gougaud dans sa préface. Egalement à paraître, Les musulmans dans l'histoire de l'Europe Tome 1 : une intégration invisible, d'un collectif sous la direction de Jocelyne Dakhlia et Bernard Vincent. Un musulman peut-il être Européen ? Cette interrogation, qui n'a été formulée explicitement qu'avec l'irruption sur la scène politique du débat sur l'entrée de la Turquie dans l'Europe, se posait déjà au Moyen-Age et à l'époque moderne. Pourtant, un préjugé tenace voudrait que les musulmans aient été quasiment absents d'Europe jusqu'au XIXe siècle, les flux de circulation ou d'immigration étant tous tributaires de la colonisation. A signaler, chez Grasset, le roman de Gilles Martin-Chauffier Paris en temps de paix. Que cache Hassan, le premier de la classe ? Qui protège Anne-Marie, la professeure du collège, un dessin de Kiraz revu par la «french connection», une égérie de la mode qui aurait mal lu le Coran ?Les éditions La Découverte proposent Portrait du colonialiste, l'effet boomerang de sa violence et de ses destructions, de Jérémie Piolat. On connaît bien les violences et les destructions qui ont accompagné deux siècles de colonisation. Mais qu'est-ce qui a rendu possible le colonialisme ? Chez Encre d'Orient, il faut dire un mot de l'épais livre Une éducation algéroise de Mustapha Hafiane, une saga algéroise des années 1950 jusqu'à l'indépendance. Un livre qui donnerait de la matière à un réalisateur de feuilleton, tant l'ouvrage est dense et puissant. Le même éditeur propose Nos Pères sont partis, de Dalila Bellil. Ce sont deux jeunes femmes nées dans le même village de Kabylie. Tandis que Dahbia, dont le père a émigré en France, vit et grandit au village, Soltana, elle, s'est envolée vers la France avec sa famille, pour y rejoindre son immigré de père. «Nos pères sont partis», peuvent-elles dire.