Ouvert officiellement mardi par le chef de l'Etat, le 15e Sila propose depuis hier aux visiteurs et amoureux de la lecture, un grand choix de livres Cette année, les organisateurs ont réussi à ramener des célébrités internationales qui ne manqueront pas de donner une autre dimension au Salon et de lui insuffler un nouveau souffle. De même que le nombre de pays invités est passé à 30 alors qu'il était d'à peine une vingtaine. Le Salon international enregistre, de ce fait, des avancées considérables. Ce qui ne fera pas oublier les défaillances, à commencer par l'endroit de sa tenue, qui ne bénéficie même pas d'une navette de transport. Les visiteurs non véhiculés seront sérieusement pénalisés. Par ailleurs, l'inconvénient d'un Salon international du livre d'une telle ampleur, avec des centaines de milliers d'ouvrages proposés à la vente, est sans doute le fait que le lecteur risque vraiment de se noyer au milieu des stands. Il y a tellement de livres, tous domaines confondus, qu'il serait difficile à n'importe quel visiteur de pouvoir sélectionner ceux qui bénéficieront du budget que chacun aura dégagé pour la circonstance. Lors de notre tournée à travers les différents stands du Salon, qui est à sa 15e édition, nous avons été impressionnés, aussi bien par la variété de livres que par les prix qui y sont pratiqués. Naturellement, le premier stand qui attire notre attention, est celui des éditions Gallimard. Il s'agit de la maison d'édition la plus prestigieuse de France, et elle a été fidèle comme chaque année au Salon du livre d'Alger. C'est là la première raison de notre choix, mais il y en a une autre. Celui de voir si le dernier roman de l'écrivain algérien Salim Bachi, sélectionné pour le Prix Renaudot 2010, était disponible. Après avoir passé en revue la majorité des romans portant la mythique mention NRF, dont rêve n'importe quel écrivain, nous avons été quelque peu déçus. Aucun livre de Salim Bachi n'est disponible. Nous interrogeons la dame qui assure la vente, une Algérienne d'un certain âge. Elle nous répond que le dernier roman de Salim Bachi arrivera dans les prochains jours, et qu'elle-même, l'attend avec impatience. «Si vous voulez attendre un peu, vous pouvez confirmer ça avec la représentante des Editions Gallimard», nous a-t-elle dit en insistant sur un nouvel arrivage de livres prévu pour le week-end. En tout cas, même si le livre de Bachi était disponible, il ne sera pas à la portée de tous. Il ne se vendra pas à moins de 1700 DA (en France, il coûte 17 euros). Mais le livre vaut la peine d'être acheté, car il s'agit d'un ouvrage d'un des meilleurs romanciers algériens de ces vingt dernières années. Cet écrivain, originaire de Annaba, né en 1971, s'est imposé en France dès la parution de son premier roman, Le Chien d'Ulysse, sur lequel avaient plu les prix littéraires les plus prestigieux de France. Ses livres ont tous connu des succès retentissants, comme La Kahena, Tuez-les tous, Les Douze contes de minuit et Le Silence de Mahomet. Ce dernier a été sélectionné pour le prix Goncourt, la plus haute distinction littéraire en France. C'est donc, non seulement un auteur talentueux ayant une maîtrise phénoménale de la langue française, mais c'est aussi un écrivain prolifique. Son absence du Salon est un mystère à ajouter aux imperfections de cette activité, la plus importante du pays sur le plan culturel. Salim Bachi n'est pas le seul écrivain talentueux ou célèbre à ne pas être invité au Salon du livre. Il y a aussi l'absence de Boualem Sansal, qui édite aussi chez Gallimard et Yasmina Khadra, qui a participé à certaines éditions précédentes. On s'interroge aussi sur le fait qu'Assia Djebbar n'ait jamais signé de sa présence le Salon, en dépit de son aura et du fait qu'elle soit membre de l'Académie française. Ces écrivains déclinent-il les invitations des organisateurs ou bien sont-ils «ignorés» par ces derniers? Difficile d'avoir une réponse en l'absence d'une bonne communication de la part des initiateurs du Salon.