Comme à l'accoutumée, le gaz butane connaît une forte pression en cette saison d'hiver dans la wilaya de Tizi Ouzou. Le citoyen l'utilise comme combustible pour se chauffer ou cuisiner. Une demande d'autant plus grande que le raccordement des ménages au gaz naturel reste minime et le fuel hors de prix, notamment pour les régions rurales. « Je paie 230 DA la bouteille de gaz chez un distributeur de mon village », nous dit Achour, citoyen d'Aït Yahia Moussa. « Ce prix atteint 240 DA, lorsqu'il s'agit d'un simple revendeur », précise notre interlocuteur qui ne manque pas de stigmatiser « cette entorse à la réglementation ». Aussi, pour les communes de la Haute Kabylie, notamment celles éloignées des centres urbains, les citoyens appréhendent les grands froids avec la hantise des pénuries en gaz butane et la crise de l'hiver dernier a durablement marqué les consciences, la bouteille de gaz ayant été cédée à plus de 600 DA. A propos des prix de vente, le directeur de l'unité de Naftal-GPL, sise dans la zone industrielle de Tala Athmane, se veut rassurant : « Le prix de la bouteille de gaz est fixé à 200 DA. Cela inclut la marge bénéficiaire des livreurs privés. » Concernant la production, « elle est excédentaire avec une moyenne quotidienne de 30 000 bouteilles », rassure notre interlocuteur. En effet, la wilaya de Tizi Ouzou compte deux unités de remplissage : la première à Oued Aïssi, dotée de deux lignes de distribution, et la deuxième à Fréha avec une seule ligne. « A Oued Aïssi, ajoute le directeur local de Naftal-GPL, la production est de 8000 bouteilles par jour et par équipe, alors qu'à Fréha, la production est de 4000 bouteilles par jour. Si le besoin se fait sentir, nous sommes en mesure d'en produire plus. » Pour notre interlocuteur, « le véritable problème pour la distribution du gaz butane reste l'enneigement des routes et la célérité de leur réouverture pour permettre l'acheminement de ce produit ». Il note : « Même en hiver, la demande fluctue au gré du climat. » Selon les chiffres fournis, pour l'année 2005, Naftal-GPL de Tizi Ouzou a commercialisé 5,7 millions de bouteilles de gaz butane, contre 5,58 millions de bouteilles en 2004. La distribution est assurée par 42 camions de la société publique et 150 livreurs agréés, alimentant un total de 431 points de vente, publics ou privés, disséminés à travers le territoire de la wilaya. « En cas d'urgence due aux intempéries par exemple, nous procédons à une distribution par priorité en favorisant les livreurs munis d'une réquisition de l'administration locale. Ainsi, nous pouvons cibler en priorité les villages et localités en manque de gaz, en contrôlant la destination des convois », ajoute notre interlocuteur en rappelant que c'est ce même procédé qui a été utilisé l'hiver dernier. Du côté des distributeurs privés, c'est un autre son de cloche. Rencontrés près de l'unité de remplissage de Oued Aïssi, ces transporteurs crient leur mécontentement : « Nous arrivons ici vers 7h pour n'être servis qu'à 14 ou 15h de l'après-midi. Pour ceux qui veulent être servis en premier, c'est-à-dire vers midi, il faut se présenter ici à 3h de bon matin. » Quotidiennement, une quarantaine de livreurs se présente à Oued Aïssi, venant de Aïn El Hammam, Tizi Gheniff, Iboudrarène, Draâ El Mizan ou Bounouh et « des fois, on rentre sans charger », lancent-ils en chœur.