Il aimait beaucoup les enfants algériens et il était plein d'attention pour eux », nous confiait hier Rezzak Bourdjou à propos de Jacques Charby, auteur du film Une si jeune paix. Charby, qui est décédé à Paris le premier jour de cette année 2006, sera inhumé après-demain. Rezzak Bourdjou qui a interprété, dans ce film, le rôle d'un enfant criant « A bas l'OAS » dans un stade (St Michel à El Biar) évoque des souvenirs vivaces de Charby. « Dans le centre pour enfants de chouhada Djil El Jadid, sis à la villa Hautmont, à Hydra et dirigé, à l'époque, par Nacer Abderrahmane, je me rappelle que Charby venait nous rendre visite et j'avais 10 ans en 1964 », précise Bourdjou. Il ajoutera : « A des enfants comme Mustapha Belaïd et Fouzi décédé aujourd'hui, il nous promettait de ramener des jouets surtout des ballons. » Mais ce qui a marqué l'esprit et le cœur de Bourdjou est le fait que Charby disait de ce dernier : « C'est mon fils et il me ressemble dans mon dynamisme. » Invité de la Radio algérienne il y a quelques années, le réalisateur de Une si jeune paix avait souhaité contacter via ce média les enfants qui ont tourné dans cette œuvre artistique, nous informe Bourdjou. Le parcours de Charby a valu un long message du président Abdelaziz Bouteflika lu avant-hier lors du JT de 20 h et répercuté par l'APS. Jacques Charby avait, dès 1958, rejoint le Réseau Jeanson. Le réseau des porteurs de valises, remplies d'armes, pour le compte du FLN. Dans le message, il est notamment relevé que Charby s'est consacré « à servir les causes justes dont celle de l'Algérie ». « Homme d'action et de conviction », « Charby affrontera les geôles coloniales et acceptera une peine de dix ans de prison comme un titre de gloire, dès lors que sa foi dans la cohérence de l'Histoire lui faisait percevoir la victoire inéluctable de la cause sacrée dans laquelle il s'était pleinement investi », dira de lui M. Bouteflika. L'homme de culture et le comédien de talent qu'il a été, soulignera le président de la République, « s'est épanoui dans l'épopée personnelle du militant anticolonialiste qui n'a pas compté son soutien à la révolution libératrice du peuple algérien ». C'est la raison pour laquelle « l'intérêt, la sollicitude et l'affection de Jacques Charby n'ont pas fait défaut à l'Algérie indépendante » qui perd, estime Bouteflika, « un grand ami dont la fidélité aux idéaux partagés ne s'est pas émoussée ». De son côté, Mme Fatiha Benchicou n'a pas manqué de rendre hommage à ce défenseur des droits de l'homme, dans un message adressé à la rédaction hier. Elle révélera que Charby avait participé aux réunions du collectif pour la liberté de presse et aux rassemblements organisés à cet effet en dépit de ses problèmes de santé.