L'Union européenne a décrété, hier, un embargo sur les importations de pétrole syrien. La sanction a été prise par le Conseil représentant 27 Etats membres en raison de la poursuite de la répression violente de la contestation par le régime d'Al Assad. «Compte tenu de la gravité de la situation en Syrie, le Conseil a décidé aujourd'hui de renforcer les sanctions à l'encontre de ce pays et d'imposer un embargo sur les importations de pétrole syrien vers l'UE», a annoncé le bloc dans un communiqué. Ainsi, l'interdiction porte sur l'achat, l'importation et le transport de pétrole et autres produits dérivés venant de la Syrie. Le décret portant sur l'embargo doit être publié aujourd'hui au Journal officiel de l'UE. Mais, selon des sources diplomatiques, sa mise en application est fixée pour le 15 novembre prochain pour les contrats en cours. L'Union européenne élargit ses sanctions au gel des avoirs et d'interdiction de visa à quatre autres personnes et à trois entreprises. La sanction des personnes s'étend aux quatre hommes d'affaires accusés de financer le régime de Bachar Al Assad. Parmi les trois entreprises sanctionnées figure une banque, d'après la même source. L'embargo va «frapper la Syrie au cœur», a commenté le ministre néerlandais des Affaires étrangères, Uri Rosenthal, en marge d'une réunion avec ses homologues européens à Sopot en Pologne. L'interdiction de tout investissement européen dans le secteur pétrolier syrien a été reportée. La question étudiée également par les représentants de 27 pays à Bruxelles, pourrait constituer une sanction supplémentaire parmi celles entreprises à l'encontre de la Syrie. Pour sa part, la secrétaire d'Etat, Hillary Clinton, a estimé que la communauté internationale devait accroître la pression sur Bachar Al Assad pour qu'il quitte le pouvoir, en sanctionnant les secteurs pétrolier et gazier. «Il s'agit d'isoler le régime et de le pousser à ouvrir enfin le dialogue avec les protestataires», a commenté l'Allemand Guido Westerwelle. Il convient de rappeler que l'Allemagne à elle seule importait jusqu'ici la part la plus importante du brut syrien acheté par l'UE. Soit 34%. L'embargo sur les importations de pétrole syrien devrait avoir un impact certain auprès du régime : l'UE achète 95% du pétrole exporté par la Syrie. Les exportation en pétrole représentent entre un quart et un tiers des recettes du pays. Mais d'après la Commission européenne, l'impact de cette sanction est moindre dans la mesure où le chiffre des importations de l'UE en 2010 ne dépasse pas 7,8 millions de tonnes de pétrole brut/mois. Soit 1,5% de ces importations totales de brut. De plus, l'impact de la mesure prise par l'UE peut être amoindri davantage par de nouveaux acheteurs, en l'occurrence la Chine. La semaine dernière, le gouverneur de la Banque centrale syrienne Adib Mayaleh avait mis en garde les Européens du fait que son pays pouvait tout aussi bien se tourner vers d'autres partenaires, comme la Chine. «Nous pouvons résoudre nos problèmes avec l'aide de la Chine. Si les Européens se retirent les Chinois peuvent prendre facilement leur place et combler le vide. La Russie aussi peut nous aider», avait-il averti.