C'est devenu une tradition ; les fêtes religieuses des deux aïds el fitr et d'el adha, synonymes de joie et de retrouvailles familiales, sont devenues des occasions où les activités commerciales sont quasiment paralysées. Si les commerces en alimentation générale ont levé les rideaux le jour de l'aïd, donnant lieu à une animation particulière, les boulangers, eux, ont quasiment tous baissé rideaux à la veille de l'Aïd. Cinq jours durant, la baguette de pain était introuvable. Ainsi, pour leur besoin en pain, des chefs de familles, ceux du moins qui possèdent des véhicules, étaient obligés de sortir hors du territoire de la daïra de Bouzeguene pour s'en approvisionner, notamment à Azazga où le pain était disponible en quantité durant les journées fériées. A Bouzeguene, une seule boulangerie a ouvert ses portes vendredi dernier et devant laquelle une longue queue s'est formée sur «un kilomètre» et pour seulement deux baguettes de pain chacun. Une indescriptible pagaille y avait régné. «Je préfère poursuivre le jeûne même ce jour de l'aïd que de m'humilier de la sorte pour un pain», s'est exclamé un père de famille, indigné. Le boulanger qui paraissait dépassé, était pressé de baisser le rideau pour s'épargner la furie des nombreux clients. Par ailleurs, pendant tout le mois de ramadan, les citoyens se sont résignés à la montée de la mercuriale, y compris pour le pain.