Les imams du XVIIIe arrondissement de Paris émettent des réserves sur le site proposé. La préfecture propose aux pratiquants une ancienne caserne de sapeurs-pompiers. Les négociations sont rudes avec les associations. Paris. De notre correspondant Le cheikh Salah Hamza, imam de la mosquée de la rue Myrha dans le XVIIIe arrondissement et son homologue Moussa Niambélé, l'imam de la salle de prières Al Fath installée rue Polonceau, sont très sceptiques. La date butoir se rapproche, le 15 septembre prochain il sera interdit de prier dans la rue. Et le ministre de l'Intérieur français entend satisfaire son électorat. La préfecture de police a trouvé une caserne désaffectée depuis quatre ans à la porte de Clignancourt. Pour l'instant, les négociations entre l'Etat et les responsables des associations cultuelles sont loin d'aboutir. La préfecture rêve d'en finir avec les prières de la rue, les associations d'un lieu «décent et conforme». Et comme toujours, quand les discussions achoppent, il est fait appel au talent diplomatique du recteur de la Mosquée de Paris, Dalil Boubekeur. Les deux imams ne refusent pas complètement l'idée de prendre possession de l'ancienne caserne de sapeurs-pompiers, mais demandent des garanties. Ils veulent la création d'un lieu séparé pour les ablutions, pour la prière des femmes, un gardien pour éviter les dégradations ainsi que le chauffage des lieux conçus à l'origine pour accueillir des camions. Pour l'Etat, les lieux seront fonctionnels dès le 16 septembre. L'imam Moussa Niambélé juge le loyer de 10 000 euros par an élevé, pour une occupation uniquement le vendredi. Les chefs religieux veulent obtenir des autorités l'assurance de pouvoir reloger leurs fidèles dans un nouveau lieu de culte dans Paris intra-muros, à l'issue de ce bail transitoire qui devrait prendre fin en 2013. Au nom de la sacralité du futur lieu de culte, ces derniers, qui bénéficient de deux salles d'une superficie respective de 1200 et 800 m2 et pouvant accueillir 2700 fidèles, souhaitent, en fait, un seul lieu de culte pour la prière du vendredi, comme l'exigent les règles de l'Islam. Moussa Niambélé propose une forme d'alternance : «La prière sera dirigée alternativement par l'un ou l'autre» des deux imams. La mosquée de la rue Myrha attire surtout des fidèles d'origine maghrébine, celle de la rue Polonceau ceux d'Afrique subsaharienne. En attendant 2013, l'Institut des cultures d'Islam devrait offrir dans le quartier de la Goutte d'Or quelque 2500 places supplémentaires aux fidèles. Le président du Conseil français du culte musulman (CFCM), Mohammed Moussaoui, estime qu'entre 100 et 150 mosquées sont en cours de construction. Le nombre de mosquées et de salles de prière musulmanes a doublé en France ces vingt dernières années, passant de 1000 à 2000 environ.