Quelques familles ont refusé de quitter leur chalet, manière singulière de signifier leur protestation. Contrairement à ce qui a été annoncé par les services de la wilaya, l'opération de relogement prévue pour le lundi en début de matinée a été avancée d'une journée. Les familles concernées ont été invitées donc à prendre part à l'opération à partir de 17h. A Dergana, dans la commune de Rouiba, le relogement des habitants des chalets a débuté à 18h. Une centaine de camions dégagés pour l'occasion par la wilaya ont investi les lieux. Les occupants ont commencé alors à charger leurs effets sur les camions qui ont pris position dans une file qui s'allongeait au fur et à mesure que les camions sustentaient la rangée. Entre les youyous des femmes qui fusaient de partout et les cris des protestataires, le climat était chargé d'une tension explosive. En somme, une totale désorganisation régnait en maître des lieux. Le bureau de l'OPGI, qui faisait pour la circonstance office de quartier général pour l'opération, était durant toute l'opération relogement pris d'assaut par les occupants des chalets, tantôt pour réclamer plus de camions, tantôt pour protester contre le fait de ne pas figurer sur la liste des bénéficiaires. Les familles étaient pour la plupart complètement désorientées, tant elles ignoraient la destination finale de leur site d'accueil. «Il est 22h et nous ne savons toujours pas dans quelle commune de l'Algérois nous allons atterrir», déplore un père de famille. Et de poursuivre : «Nous avons besoins au préalable de connaître le site d'accueil ainsi que le type d'appartement que nous allons occuper, c'est la moindre des choses.» Par ailleurs, une vingtaine de familles ont refusé de quitter leur chalet, manière singulière de protester contre l'attribution de logement pour plusieurs familles occupant un seul chalet, «certaines familles sont composées de deux, voire trois sous-familles, mais les autorités leur ont proposé un seul appartement, c'est la raison pour laquelle nous refusons de quitter nos chalets», affirme un citoyen protestataire. Les responsables de la wilaya présents sur les lieux ont fini, après une longue tractation avec les habitants frondeurs, par les convaincre de rejoindre le convoi de camions, qui n'a pris la route qu'à 23h. La longue file a rejoint le CW 149, traversé la ville de Rouiba et pris l'autoroute de l'Est. Avant le départ, les responsables de la wilaya ont fini par remettre aux chauffeurs des camions les feuilles de route dans lesquelles figuraient les destinations. Les pères de famille étaient perplexes et n'ont pas hésité à crier leur colère à l'endroit des responsables de la wilaya qui se sont contentés de répondre : «Si vous n'êtes pas satisfaits, vous avez le droit d'introduire un recours auprès des services de la wilaya qui vont étudier votre cas.» A Bordj El Bahri, les habitants des chalets, se trouvant à la sortie de la ville, ont bloqué la route pour la deuxième journée consécutive. En début de matinée d'hier, des objets hétéroclites et des pneus incendiés jonchaient encore la chaussée, signe d'une nuit agitée. Les habitants de ce site, qui compte près d'une centaine d'occupants, ont eu recours à cette énième démonstration de rue pour faire valoir leur droit à un relogement définitif, d'autant plus qu'aucune information les incluant dans l'opération de recasement ne leur a été communiquée. Par ailleurs, des émeutes ont éclaté à Diar Echems pour les mêmes raisons. D'après les habitants de la cité, les habitants de quatre immeubles faisant partie de la liste des bénéficiaires n'ont pas été associés à l'opération de relogement.