Les habitants du site des chalets au chef-lieu de la commune de Bordj El Bahri ont bloqué durant la soirée d'avant-hier le principal axe routier qui traverse la ville. Cette énième démonstration de rue intervient au moment où plusieurs sites de chalets et de bidonvilles ont été désignés pour faire partie de l'opération de relogement annoncée par la wilaya. Les occupants du site ont bloqué la route deux heures durant avec des objets hétéroclites et ont incendié des pneus, une manière singulière pour faire valoir leur droit à un relogement définitif dans des logements décents, d'autant plus que ces habitants occupent ces chalets vétustes depuis 2003 pour certains d'entre eux. Les responsables locaux se sont déplacés sur les lieux pour s'enquérir de l'évolution de la situation : «Nous avons tenté de raisonner les occupants de ces chalets, ce qui a porté ses fruits. Néanmoins, nous leur avons rappelé que l'APC de Bordj El Bahri, à l'instar des autres APC de l'Algérois n'a pas été associée à cette opération de relogement dont seule la wilaya est initiatrice», affirme M. Kaddour, élu à l'assemblée, chargé des finances et de l'administration, avant de poursuivre : «Nous avons reçu une délégation qui représente les habitants du site, nous leur avons expliqué les tenants et les aboutissants d'une telle opération pour laquelle l'APC de Bordj El Bahri n'a d'ailleurs pas été associée. Une délégation a été par la suite conviée à se rapprocher de la wilaya déléguée de Dar El Beïda». Rappelons que lors des précédentes opérations de relogement, les habitants des chalets n'ont été informés sur les sites devant les accueillir qu'une fois leurs effets chargés sur les camions. Aussi, d'autres occupants des bidonvilles ont été conviés à prendre part au relogement. Dès lors que leurs effets ont été chargés sur les camions, ils étaient sûrs de rejoindre des appartements décents. Leur surprise fut grande lorsqu'ils ont été abandonnés sur l'autoroute avec femmes et enfants. Depuis que les pouvoirs publics ont commencé à recaser les habitants des chalets et ceux des bidonvilles recensés à partir de 2007, toutes les opérations ont été entourées d'un secret impénétrable. Ce n'est qu'au dernier moment que les habitants sont informés de l'endroit de leur recasement définitif, et ce, au même titre que les responsables locaux. S'agissant de l'opération qui se déroulera les, 5, 7 et 9 du mois en cours, cette dernière touchera, selon les services de la wilaya, 3245 familles dans différentes cités populaires et sites de chalets et pour lesquelles un dispositif sécuritaire imposant sera mis en place afin de contrecarrer toute protestation. Tous les habitants des chalets seront relogés Le wali d'Alger, Mohammed Kebir Addou, était clair : tous les habitants des chalets seront relogés dans des logements décents dans le cadre du programme qui se poursuivra jusqu'à juin prochain. Dans une conférence de presse, tenue hier au siège de la wilaya, M. Addou a dit comprendre «parfaitement l'impatience» que les habitants de certaines cités expriment à travers les manifestations de rue, mais «je ne l'approuve pas». Et d'enchaîner : «Je n'approuve pas non plus la manière avec laquelle cette impatience est exprimée», a-t-il précisé. Le premier responsable exécutif de la wilaya d'Alger a expliqué le retard accusé dans la reprise de l'opération de relogement : «L'opération interrompue en décembre dernier devait reprendre en juillet, mais le nombre de logements prêts en juillet ne permettait pas une opération de relogement d'envergure. On n'annonce pas d'opération pour faire de la publicité et cela se fait selon les besoins exprimés et les logements fournis», a-t-il tenu à préciser. Sur un autre plan, le wali d'Alger a vivement critiqué l'attitude de certains chefs de famille bénéficiaires de logements neufs dans le cadre de cette opération et qui refusent de quitter leur ancienne habitation. «Il est inadmissible que des gens protestent en quittant des F1 délabrés dans des cités vétustes pour des appartements neufs de 80 m2, sous prétexte que ces derniers sont situés à Birtouta !» Quant au devenir des sites dégagés après les opérations de relogement, le wali indiquera que des expertises détermineront la destination de ces assiettes. «Il y a des logements récupérables. L'expertise déterminera si les cités peuvent être récupérées après réhabilitation des logements qui seraient peut-être transformés en F3 et F4. Il y a des critères qui détermineront la destination de ces cités, dont le coût.» Le wali expliquera également que les assiettes sur lesquelles sont érigés des bidonvilles et des chalets seront utilisées pour «la destination la plus utile pour l'intérêt public».