Malheureusement, en tant qu'ancien moudjahid et commis de l'Etat, Mentouri n'a jamais entamé le travail de transcrire ses mémoires. L'Algérie perd ses grands hommes année après année, sans que les officiels ne leur rendent hommage. Hier, au cimetière d'El Alia, la famille, les proches et les amis du défunt Mohamed Salah Mentouri, ancien président du CNES, se sont donné rendez-vous pour commémorer l'an I de sa disparition. Comme d'habitude, au point d'être ancré dans les us et coutumes des dirigeants et responsables algériens, les personnalités ayant laissé une empreinte au sein de la nation sont méprisées même après leur mort. Ne pas assister à la commémoration du 19e anniversaire de l'assassinat de Mohamed Boudiaf, et par la suite de la première année de la disparition de Bentobal et Mentouri, cela fait beaucoup en l'espace de 6 mois. Dans la matinée d'hier, l'ancien ministre de la Jeunesse et des Sports, Abdelaziz Derouaz, a été chargé pour parler de Mentouri et de son parcours. «Toujours à l'écoute, Si Salah n'avait jamais eu la prétention de tout connaître. Bien au contraire, il voulait apprendre jour après jour. Il disait régulièrement, je ne sais pas. Je cherche à savoir», témoigne l'ancien entraîneur de l'équipe nationale de handball. Son fils raconte l'approche qu'avait le défunt avec la famille. «Il nous a inculqué les bonnes valeurs. Il analysait les situations sans vouloir nous influencer. Il nous donnait des indices pour réfléchir et comprendre un sujet. Il nous a toujours sensibilisés aux valeurs républicaines, de pardon et de tolérance», confie avec émotion, Chakib, le cadet des frères. Malheureusement, en tant qu'ancien moudjahid et commis de l'Etat, puisqu'il a eu à occuper divers postes ministériels, Mentouri n'a jamais entamé le travail de transcrire ses mémoires. «Il avait beaucoup d'idées», rapporte Chakib. La mort, qui ne donne jamais d'heure précise, l'a emporté sans lui laisser le temps de commencer une œuvre dans ce sens. «Il le répétait à chaque fois. Je vais commencer à écrire mes mémoires. Je vais entamer l'écriture d'un livre», indique son fils. Abdelaziz Derouaz rappelle que Mentouri a été «le père fondateur de la Sécurité sociale en Algérie». Le défunt a dirigé la direction du même nom, au ministère du Travail, de 1970 à 1980. Dans sa lancée, M. Derouaz affirme que «Mohamed Salah Mentouri était un homme intègre, sincère, respectable et respectueux. La preuve, c'était mon ami, mais vu sa grandeur, je n'ai jamais osé le tutoyer». Président du Conseil national économique et social depuis sa création en 1993, et de par sa compétence, Mentouri convaincra l'élite algérienne. Les analyses et les notes émanant du CNES ne répondaient à aucune instruction. Elles traduisaient la réalité des conjonctures économiques. En prévisionniste, il prédisait la chute de l'Algérie dans le précipice, si l'Etat continuait à adopter des politiques aveugles, simplistes et qui privilégiaient les solutions d'urgence. Il démissionna du CNES le 3 mai 2005. Né en 1940 à Hamma, wilaya de Constantine, Mohamed Salah Mentouri a été terrassé par une crise cardiaque le 5 septembre 2010. Il avait 70 ans.