11septembre 2001, quatre attentats-suicide ébranlent les Etats-Unis et c'est l'ordre du monde qui se trouve bouleversé. L'Axe du mal a vite été identifié par l'administration de George W. Bush et des guerres ont été légitimées dans cette logique. La plus grande contre le terrorisme et deux autres plus sournoises contre l'Afghanistan et l'Irak. Des voix se sont alors élevées pour crier au complot. «Ben Laden et El Qaîda n'y sont pour rien : le 11 septembre est un complot de l'Administration Bush destiné à justifier les invasions de l'Afghanistan et de l'Irak.» La théorie du complot a fait du chemin, depuis, variant les accusations et les thèses. Elles ont eu dix longues années pour s'étendre et enflammer de nouveaux adeptes. En témoigne Loose Change, un documentaire indépendant, qui a été vu 125 millions de fois sur Google et 30 millions sur YouTube, selon son réalisateur Dylan Avery. Des chiffres qui démontrent à quel point ces voix ont porté bien loin. Selon le sondage World Public Opinion datant de 2008, l'organisation terroriste est accusée dans 9 pays sur les 17 où le sondage a été réalisé. Sur l'ensemble du panel, 46% des participants tiennent Al Qaîda pour responsable. Ce qui donne une majorité de 54% pour les «thruthers», ceux qui sont convaincus de détenir la vérité sur les attentats du 11 septembre. Pour remettre la version officielle du gouvernement américain, dix ans après les événements du 11 septembre, plusieurs associations et collectifs, à leur tête le «9/11 Truth movement», continuent de demander l'ouverture d'une enquête internationale indépendante. Une majorité pour les partisans du complot dans le monde Ces théories dites «conspirationnistes» (par ceux qui n'y croient pas), partent de l'idée que des agents américains, voire israéliens ont eux-mêmes installé des explosifs dans les tours du World Trade Center et au Pentagone, avant que ne frappent les avions du commando islamiste. D'autres soutiennent que même si l'Administration Bush n'est pas à l'origine de l'explosion, elle n'a rien fait pour empêcher les attentats alors qu'elle détenait des éléments d'information sur leur préparation. Ces thèses ont leurs adeptes au sein même des Etats-Unis : en 2006, un sondage Scripps Howard révélait que 36% des Américains croyaient à un complot organisé au sommet de l'Etat fédéral. Pour Rich Hanley, de l'université Quinnipiac dans le Connecticut, le succès des théories du complot s'explique, notamment, par le traumatisme de l'opinion américaine. Dix ans plus tard, beaucoup de gens ont toujours «du mal à comprendre comment 19 pirates de l'air, armés de cutters ont pu infliger un choc aussi énorme». Les partisans de la théorie du complot l'expliquent autrement : «Compte tenu de la sophistication des systèmes de renseignements américains, la CIA ne pouvait ignorer la présence sur le territoire de ces 19 terroristes. Le détournement d'un vol ne serait pas à l'origine de la destruction du Pentagone : il s'agirait d'un missile envoyé par le gouvernement américain. L'effondrement du World Trade Center aurait été provoqué par des explosifs sur différents étages des tours, actionnés un à un après que les avions les eurent percutées.» Les Algériens aussi rêvent des scénarios hollywoodiens De toute évidence, c'est dans le monde arabe que les théories du complot passionnent le plus : la Jordanie et l'Egypte sont les Etats qui ont le plus grand nombre de «thruthers». La France n'est pas en reste. Même si 64% de la population croient que Ben Laden est à l'origine des attaques du 11 septembre, selon ce même sondage, beaucoup de personnalités publiques se sont démarquées, dont Thierry Meyssan qui a publié après les attentats L'effroyable imposture, un livre qui s'est vendu à 200 000 exemplaires. Et les Algériens dans tout ça ? Ils sont connus pour leur forte adhésion aux théories du complot, à la main étrangère ou aux perfides tentacules internes qui visent la déstabilisation de l'Algérie officielle autant que le plus anonyme des vendeurs de cigarettes de quartier. Paranoïa exacerbée ou clairvoyance insolente, aucun sondage n'a été fait sur l'adhésion des Algériens aux thèses du complot concernant le 11 septembre, mais bien des éléments propres à l'histoire récente de l'Algérie peuvent être révélateurs sur cette question. Le terrorisme qui a ensanglanté l'Algérie, durant les années 1990, a justement alimenté bien des thèses conspirationnistes. Le «qui tue qui» a fait – et continue encore avec les derniers attentats terroristes du Ramadhan – à semer le doute en accusant les services de sécurité d'être à l'origine de ces tueries. Le terrorisme serait leur instrument politique le plus efficace pour se maintenir au pouvoir. Une thèse qui peut ressembler aux thèses conspirationnistes à l'américaine, sauf qu'en Algérie, elle a vite été déviée. «C'est voulu», dit-on.