Le terme provoquant de «malbouffe» est apparu en France au début des années 1980, afin de pousser la population à réagir face au déséquilibre alimentaire qui, déjà à l'époque, commençait à inquiéter. Caractérisée par sa faible valeur nutritive et sa forte teneur en graisses, en sucres, en sel et depuis une vingtaine d'années en produits chimiques (nouvelles malbouffes), elle ne cesse de gagner du terrain comme cela se voit en Inde et en Chine. Intéressante, a fortiori en temps de crise, cette alimentation est non seulement économique mais également réconfortante. Appelée la «confort food» par les Américains, elle repose sur des mécanismes physiologiques innés de goûts sucrés et salés très prisés par l‘homme. Malheureusement, pratique à acheter et à consommer, celle-ci conduit progressivement à la perte de l'éducation du goût et de la représentation de la réelle nourriture amenant à de moins en moins cuisiner. La malbouffe concerne essentiellement la nourriture industrielle du fait de la non contrôlabilité par le consommateur des différents éléments la composant. Déséquilibrés tant sur le plan qualitatif que quantitatif, chargés en produits chimiques, nos aliments sont à l'origine de conséquences néfastes sur notre santé. En plus de l'augmentation des risques de maladies cardiovasculaires, du diabète, de l'hypertension, de l'obésité, de l'ostéoporose et de cancers notamment digestifs qui existent depuis trente ans, les nouvelles mal bouffes sont également liées à l'apparition de nombreuses pathologies telles que d'autres types de cancers, des allergies et des atteintes cérébrales. L'excès de graisses, particulièrement celles saturées, visibles (huiles, beurre…) ou cachées (lait entier, viandes rouges, biscuits, viennoiseries, pâtisseries, pizzas, plats préparés, céréales, pains de mie...) augmente directement le risque des problèmes d'ordre cardiovasculaire. En obstruant les artères du cœur, l'élévation du mauvais cholestérol peut provoquer un infarctus du myocarde alors que d'autre part, le risque de survenue du cancer du sein résultant de cet abus de gras n'est pas exclu. La surcharge en sucres et en sucreries visibles tels que le sucre de table ou cachés (gâteaux, biscuits, confiture, chocolat...) accroît le risque de présenter un diabète en plus de celui de l'obésité. L'apport abusif en sel fait le lit de l'hypertension et de l'insuffisance rénale. Mentionnant cependant, que le sel de table n'est pas celui qui est à blâmer, mais plutôt celui caché pré-incorporé dans de nombreux produits tels que les plats cuisinés, les soupes, les conserves, le pain, les produits sucrés et sodas, etc. Une alimentation pas assez variée, manquant de fibres végétales par insuffisance de consommation de fruits et légumes frais, augmente le risque de cancers, notamment digestifs.
Rappelons que cet apport insatisfaisant peut être, entre autres, à l'origine de troubles du transit alors que par ailleurs, le rôle de celles-ci dans l'équilibre de la glycémie chez le diabétique est entravé. Le manque d'apport en vitamines et sels minéraux peut également créer des soucis de santé. C'est ainsi qu'une carence en vitamine D et en calcium peut aggraver une perte de la densité osseuse et entraîner une ostéoporose favorisant, de ce fait, les fractures osseuses (tassement vertébral, fracture du poignet et du col du fémur). Bien que menée sur des rats, une étude américaine, publiée dans la revue Nature Neuroscience, pourrait permettre de mieux comprendre l'obésité chez l'homme : l'excès de consommation de produits gras et caloriques (junk food) : fast foods, hamburgers, frites, pizzas, sodas... provoquerait, au niveau du cerveau, la libération d'opiacés, molécules proches de l'opium, créant un phénomène de relaxation et de plaisir. De crainte d'être moins bien oppressé ou anxieux, le consommateur serait alors à chaque fois contraint à de plus grands et fréquents apports et par conséquent à une prise de poids. Cette ingestion compulsive de «junk food», bien au-delà des besoins, répond ainsi aux mêmes critères de dépendance et d'addiction que l'on peut avoir avec le tabac, l'alcool ou l'héroïne. Les nouvelles malbouffes Depuis vingt ans notre alimentation a complètement changé. Dénoncées, entre autres, par le journaliste français d'investigation, William Reymond, les nouvelles malbouffes concernent les méthodes de fabrication, transformation, préparation, traitement, conditionnement, transport ou entreposage de notre nourriture ainsi que les techniques de culture et d'élevage. Ce dernier relate ainsi la toxicité pour notre santé des substances chimiques et des différentes méthodes utilisées dans l'industrie agroalimentaire. Reliant celles-ci à l'apparition de nombreuses maladies dont certains cancers et pathologies cérébrales, il informe les consommateurs sur la nocivité des pesticides et additifs en passant par les manières dont sont traités les animaux lors de leur élevage, leur abattage et leur conservation. Au terme de cette dénonciation, plusieurs exemples peuvent être rapportés. S'agissant de l'industrie alimentaire, le rajout de produits chimiques tels que les colorants alimentaires, les conservateurs antiseptiques et anti-oxydants, les agents de texture (émulsifiants, épaississants, gélifiants), les exhausteurs de goût et les édulcorants sont à redouter. Permettant d'avoir un meilleur rendement, une baisse du coût, une conservation plus longue mais également des produits plus beaux et plus savoureux, ils sont à l'origine d'une consommation sans cesse croissante de produits transformés (yaourts, sorbets, céréales, crèmes glacées, barres chocolatées, bonbons, sodas... ), de plats cuisinés, de conserves etc. Les étiquettes apposées sur l'emballage de ces produits peuvent faire constater la multitude des composants chimiques rajoutés lesquels ont, sur l'organisme, des effets séparés mais également associés du fait de leur accumulation dans le temps. L'amalgame de ces additifs est à l'origine de maladies liées à l'alimentation moderne, comme le montre l'accroissement fulgurant, depuis 1990, des cancers du sein (atteignant également 1'homme), des testicules et de la prostate. Par ailleurs, ces mêmes substances chimiques, peuvent parfois provoquer des allergies. Certains conservateurs anti-oxydants tels que les sulfites peuvent, en cas de sensibilité, entraîner de l'asthme, des nausées et des douleurs abdominales, d'autres, comme les colorants (jaune et rouge) pourraient quelquefois entraîner de l'urticaire, une congestion nasale, voire de l'asthme alors que le glutamate, exhausteur de goût utilisé dans les sauces, les potages, certaines conserves est accusé, par les consommateurs, de provoquer des maux de tête même si aucune étude ne semble prouver cela. Les édulcorants, dont les plus connus sont l'aspartame, les cyclamates, les polyols, la saccharine et le fructose, sont des substituts du sucre. Consommés pour diverses raisons, ils doivent prendre, dans notre alimentation, une place de plus en plus restreinte du fait des nombreux doutes existant à leur sujet. Leur innocuité (aspartame), démontrée en 2002 par l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments, n'autorise en aucun cas de prévoir leurs effets au long cours sur l'organisme. En dehors du fait qu'ils ne permettent pas de contrôler le poids de façon satisfaisante, ces produits suscitent beaucoup de discussions en termes de toxicité. Réalisée sur des animaux, une étude, effectuée en 2007, publiée dans une revue internationale, montre que l'imprégnation fœtale d'aspartame augmenterait le risque de développement d'un cancer. Par ailleurs, cette même substance, mais d'autres arômes chimiques également, pervertissent le goût du fœtus et de l'enfant qu'il deviendra, c'est ce que montre une récente étude concernant l'alimentation actuelle de la femme enceinte américaine, obèse ou pas, qui induit des risques importants de surpoids et d'obésité chez l'enfant. Enfin, l'absence d'études sur l'interaction de l'aspartame tant avec les autres additifs qu'avec les médicaments contre le diabète, le renforcement de l'appétence des édulcorants pour le sucré, incriminé dans l'apparition de l'obésité infantile et de l'adulte et leur intolérance à l'origine de troubles digestifs sont, également, autant d'inconvénients devant nous pousser à une extrême prudence. Une étude britannique, réalisée à l'université de Southampton sur des enfants hyperactifs de 3 ans et de 8-9ans, met en évidence un fait inhérent à la consommation d'additifs. L'absorption par ces derniers, pendant une semaine, d'un cocktail associant six colorants et un conservateur, fait constater, comparativement aux enfants ayant pris des jus de fruits, un effet défavorable sur le comportement en faveur d'une exacerbation de l'agitation. Dans le domaine de l'industrie agro-alimentaire, les conditions de production visant des meilleurs rendement et conservation des fruits et légumes sont, en revanche, source de récoltes pauvres en nutriments. A titre d'exemple, une orange traitée aujourd'hui avec des pesticides est moins riche en vitamines qu'il en faudrait cinq pour avoir la même quantité de ces nutriments qu'une orange des années soixante. L'appauvrissement de ces aliments, alors que l'on assiste en parallèle à un enrichissement de la nourriture en sel, en gras et en sucre, favorise la survenue de maladies d'origine dégénérative (cardiovasculaires, hypertension, cancers... ) chez des personnes de plus en plus jeunes. Par ailleurs, des expériences faites par Gilles Eric Séralini, professeur en biologie moléculaire à l'université de Caen, montrent que l'absorption extrêmement infime d'herbicides (round-up), lors de la consommation de fruits, légumes et OGM, entraîne des maladies nerveuses, immunitaires et de la reproduction. Les méthodes de préparation des produits animaliers laissent également à désirer, comme cela est le cas, par exemple, en Irlande où les poulets, destinés à la surgélation puis à l'exportation au Royaume-Uni sont traités de manière à en accroître le volume. L'augmentation du poids de ces derniers est obtenue grâce à leur enrichissement en protéines d'autres animaux (bœuf et/ou porc), bon marché, qui permettent de retenir de l'eau, et par conséquent plus de profit. Cette façon frauduleuse de procéder, méritant des poursuites judicaires, fait que des entreprises en Allemagne et en Hollande procèdent, de surcroît, à des manipulations génétiques pour que ces protéines ne soient pas détectables par les inspections sanitaires. Notons enfin, que ces protéines utilisées dans l'industrie de la volaille, n'excluant pas leur association avec des aromatisants et des glucides, posent un énorme problème de religion du fait de l'absence de mention du type de protéines rajoutées sur l'étiquetage de l'emballage de ces mêmes produits. Concernant la maîtrise du risque de contamination infectieuse de certains aliments, l'exemple frappant de la manière américaine, consistant à utiliser un bain chloré pour décontaminer les poulets, est alarmante. Cette conception de la sécurité alimentaire, visant la désinfection de la viande en fin de chaîne alimentaire, sans tenir compte des maillons préalables composant celle-ci, est incomplète. Elle est de surcroît risquée car la recontamination des poulets n'est pas exclue. Notons qu'en matière de prévention des toxi-infections alimentaires, la façon la plus logique et adéquate reste l'identification des risques de tous les maillons de la chaîne alimentaire et la réduction des sources de contamination à chacun de ceux-ci. Les organismes génétiquement modifiés (OGM) sont utilisés dans multiples domaines. Leur fabrication dans la recherche fondamentale en génétique biologique, la médecine (insuline, vaccins) et l'agro-alimentaire repose sur plusieurs objectifs d'application. «Un OGM est un organisme qui héberge au moins un gène qui ne lui appartient pas» est la définition donnée en matière d'agro-alimentaire. Dans le domaine de l'agriculture, la plus grande majorité des OGM employés intéresse la création, dans le but d'un meilleur rendement, de plantes à pesticides, résistantes aux insectes (maïs, coton et betterave transgéniques...) et aux herbicides (soja transgénique). L'accumulation de ces pesticides dans les plantes pose un inconvénient majeur quant à leur devenir dans l'organisme humain, du fait que leur consommation par l'animal n'exclut pas la possibilité de leur présence dans le lait de vache, les œufs, la viande etc.
En raison de l'insuffisance de certitudes quant aux retentissements des OGM sur l'environnement (accumulation des pesticides dans le sol, risque de passage direct des gènes de certaines plantes à d'autres...) et des problèmes sanitaires posés : controverses et méthodologies imparfaites des expériences réalisées sur l'animal, effets néfastes chez 1'homme : cancer, fausses couches, allergies etc. les produits transgéniques sont loin d'être contrôlés. L'impossibilité de maîtrise de toutes les conséquences de la modification génétique des OGM fabriqués, associée au manque d'informations qui en découle, doit pousser le consommateur à être doublement prudent. En pratique, les OGM de l'agro-alimentaire, lesquels sont disséminés dans la nature, devraient conduire les scientifiques à évaluer, pour chacun d'eux, le rapport avantages/risques alors que, d'autre part, les agriculteurs, les représentants de défense de l'environnement etc. devraient y être également impliqués. Un tout autre type de nouvelles malbouffes concerne la préparation de certains aliments cuits à haute température, notamment en présence de corps gras, leur conférant ainsi un effet cancérigène désormais établi. Le plus bel exemple pouvant être donné est lié à l'association «chaleur élevée-ingrédients végétaux naturels (amidon, acide aminé asparagine) des pommes de terre» permettant la cuisson des frites. Cette friture crée des substances chimiques cancérigènes, dont l'acrylamide, qui rend la grande consommation de ces dernières très néfaste pour la santé. A des concentrations moindres, l'acrylamide est également observée dans d'autres produits alimentaires tels que les chips, les céréales, les pâtisseries, les biscuits, les petits pains, le pain grillé etc. Conclusion Les malbouffes mondiales, liées à différentes maladies apparaissant chez des sujets de plus en plus jeunes, doivent faire prendre certaines mesures de prévention. Un changement du comportement alimentaire conduisant à manger différemment et à trouver ses propres normes, associé à un minimum d'activité physique demeurent les secrets d'une bonne santé. En raison de la méconnaissance de tous les effets de certaines substances chimiques sur l'organisme, la nécessité de ré-éducation de nos très jeunes enfants à manger de façon naturelle, ainsi que les femmes enceintes (mise en place du système de contrôle du couple faim- satiété chez l'embryon), serait un point de départ indéniable et indiscutable. Tout est une question d'équilibre et de bonnes pratiques alimentaires : que l'on soit à la superette, au marché, à la cantine ou au restaurant d'entreprise, la maîtrise de certains principes nutritionnels simples devrait largement permettre de sélectionner et choisir nos aliments, à condition, bien entendu, que l'on sache également bien lire les étiquettes ....