La grève nationale des 15 et 16 janvier décidée par les travailleurs de l'éducation nationale, toutes catégories confondues, est maintenue. La Coordination intersyndicale de l'éducation nationale (Cien), regroupant cinq syndicats (Cla, Cnapest, Satef, Unpef et Sete de Béjaïa), a déposé, au début du mois en cours, un préavis de grève au niveau du département de Boubekeur Benbouzid. De son côté, le SNTE, une organisation agréée par l'Etat, s'est démarquée de la coordination et a opté pour une démarche unilatérale. Ce syndicat a, toutefois, adhéré au mouvement de débrayage et a déposé, conformément à la loi, un préavis de grève. Face à cette situation, le ministre de l'Education nationale a réagi. Il a convié, séparément, deux syndicats agréés à des réunions de travail. Il s'agit de l'Unpef, qui fait partie de la Cien, et du SNTE. Le premier responsable du SNTE a accepté sans hésitation l'invitation de M. Benbouzid, alors que le responsable du deuxième syndicat s'est concerté longuement avec les représentants de la coordination avant de décider de répondre favorablement à la sollicitation du ministre. Cependant, M. Ider, chef de file de l'Unpef, devait débattre uniquement des problèmes propres à son syndicat et non de la plateforme de revendications établie par la coordination intersyndicale. Hier, le ministre de l'Education nationale a, effectivement, reçu une délégation du SNTE. Les deux parties ont abordé les douze points figurant dans la plateforme de revendications. M. Benbouzid a réitéré le fait que le secteur de l'éducation a bénéficié, à deux reprises, d'une augmentation de salaire et qu'aujourd'hui, cette question le dépasse puisqu'elle relève des préoccupations du gouvernement. Les deux parties, en commun accord, ont convenu de mettre en place des commissions mixtes qui se pencheront sur les différents dossiers soulevés dans le document. Elles seront installées samedi prochain et les représentants du syndicat comptent exiger un délai pour la finalisation des travaux des commissions. Le SNTE a donc suspendu la grève. Pour sa part, M. Ider nous indiquera que la réunion qui l'a regroupé avec le ministre n'a abouti à aucun résultat. « Nous avons, durant deux heures de temps, débattu uniquement de problème de procédures. De notre côté, nous avons expliqué au ministre que le préavis de grève a été déposé par l'intersyndicale et non par l'UNPEF. M. Benbouzid ne reconnaît pas la coordination, et de ce fait, il juge que le préavis de grève et le débrayage sont illégaux. » M. Ider a refusé, comme convenu, d'engager un débat sur la plateforme de revendications, il a estimé que seule la coordination est habilitée à se prononcer sur ce sujet. « Nous avons accepté l'invitation du ministre, car nous sommes pour le dialogue, et l'objectif est de montrer notre bonne foi. Cependant, nous ne comptons pas faire marche arrière en ce qui concerne notre travail au sein de la coordination », dira M. Ider, qui a expliqué qu'en l'absence d'entente, de résultats palpables et vu le calendrier chargé du ministre, celui-ci était obligé de reprendre les négociations aujourd'hui. Pour sa part, M. Osmane, premier responsable du Cla, a qualifié de dérisoire la tentative du ministre de faire croire à l'opinion publique l'ouverture du dialogue alors qu'il exclut de ce processus la coordination intersyndicale, et qu'au moment même, est déclenchée une opération d'intimidation policière et juridique contre sa propre personne. « Le dialogue social ne peut être construit sur l'obstination aveugle de la répression, ni tromper les travailleurs de l'éducation qui se battent depuis longtemps pour la revalorisation de leur salaire, le respect de leur métier et pour la prise en compte des sujétions physiques et mentales dans le calcul de la retraite », dira-t-il en soutenant que le dialogue unilatéral, initié par M. Benbouzid, avec une liste de syndicats triés sur le volet ne peut, sur ordre, neutraliser la grève nationale, prévue pour les 15 et 16 janvier prochains. La paix sociale que réclament les pouvoirs publics, de l'avis de notre interlocuteur, ne peut être bâtie sur l'injustice et l'arbitraire. « Le ministre, qui veut ignorer l'existence du Cla, du Cnapest, du Satef et du Sete Béjaïa et bien d'autres forces syndicales sur le terrain, ne construira pas la paix scolaire sans la satisfaction des revendications des travailleurs de l'éducation. Combien faudrait-il encore de conflits dans les établissements, de sanctions pour que les pouvoirs publics comprennent qu'on n'édifie pas un Etat de droit sur la répression et le mensonge ? », a expliqué le représentant du CLA. Pour sa part, M. Lemdani du Cnapest est persuadé que le ministre espère diviser la cohésion du groupe en invitant individuellement le représentant de l'Unpef. La grève a été décidée par la coordination, et le ministre, selon M. Lemdani, doit négocier avec les représentants de l'intersyndicale.