Le Conseil des ministres s'est réuni dimanche, mais le communiqué officiel sanctionnant les travaux de cette «importante réunion au sommet» n'a été rendu public qu'hier en fin d'après-midi. C'est une première dans l'histoire de l'Algérie. Un Conseil des ministres se déroule pendant près de 24 heures. La présidence de la République, peu soucieuse de la communication, innove cette fois-ci en maintenant, aussi longtemps, le suspense sur le contenu de ce Conseil censé examiner des projets de loi «d'une extrême importance» pour la vie politique nationale. Il s'agit des textes «des réformes politiques» promises par le président Abdelaziz Bouteflika en avril dernier. Même les médias publics, l'ENTV et l'agence de presse APS, déroutés par l'absence des éléments d'information sur cette réunion, se sont contentés d'annoncer la tenue du Conseil et la poursuite de ses travaux. «Le Conseil des ministres s'est réuni dimanche sous la présidence de Abdelaziz Bouteflika, président de la République. Les travaux du Conseil des ministres se poursuivent en soirée. Un communiqué sera rendu public à l'issue de la réunion», écrit l'APS dans une dépêche balancée, dimanche à 20h15. Le retard pris pour la publication de ce communiqué a suscité alors des interrogations. Que se passe-t-il ? Y a-t-il des divergences sur le contenu des avant-projets de textes élaborés par les services du ministère de l'Intérieur ? Ces avant-projets vont-ils faire sauter les verrous qui freinent l'avancée vers l'instauration de la démocratie en Algérie ? Finalement, le communiqué en question n'est tombé qu'hier vers 18h. Et la montagne n'a accouché que d'une souris. A la lecture du communiqué en question, on constate que le président de la République et ses ministres n'ont pas révolutionné la législation algérienne en matière de pratique politique, de fonctionnement du mouvement associatif et de l'exercice médiatique. Rien de nouveau ou presque. Hormis l'avant-projet de loi sur l'information qui a mis fin au monopole de l'Etat sur l'audiovisuel (là aussi il ne faut pas crier victoire d'avance) et la création de deux autorités de régulation, les deux autres textes (les avant-projets de lois sur les partis et les associations) n'apportent aucune nouveauté. En tout cas, le communiqué du Conseil des ministres n'avance aucune nouvelle disposition par rapport aux lois en vigueur actuellement. Mais il faut attendre les détails de ces projets pour avoir un jugement définitif sur le contenu de ces futurs textes de lois. Pourquoi avoir mis autant de temps pour pondre, au final, un communiqué au contenu très maigre ? A moins de vouloir attirer l'attention et de donner l'impression que les projets en question ont été le fruit de négociations serrées. Rien ne justifie l'ajournement de la publication dudit communiqué, car le Conseil des ministres examine, généralement, des projets débattus et ficelés d'avance.