Plus d'une quarantaine d'accidents de bus ont été signalés depuis le début de l'année. Le président de la Fédération nationale du transport estime le parc d'anciens bus à 20%. On s'en est sorti par miracle. Les passagers du bus, pris de panique, se sont précipités vers la sortie ou s'accrochaient aux vitres. Le chauffeur n'avait qu'un mot à la bouche : Allah ghaleb.» Salima, passagère miraculée du bus qui a percuté un véhicule particulier, faisant un mort le 2 août dernier à Bologhine, s'en souviendra toute sa vie : «Le conducteur faisait du slalom entre les véhicules sans se soucier des passagers qui criaient à l'arrière. Il a percuté le véhicule venant en sens inverse et a failli chuter dans les rochers de la plage.» L'accident mortel de décembre 2003, où un autobus a chuté en mer, lui est revenu à la mémoire ce mardi, deuxième jour du mois de Ramadhan. «Parmi les 13 corps repêchés par les pompiers en 2003, il y avait celui d'un voisin proche de ma famille», signale, le regard absent, cette résidente de Aïn Benian où des habitants ont fermé avant-hier la route après la mort d'un riverain percuté par un chauffeur. Les accidents de bus se succèdent à un rythme effréné : une dizaine, dont certains mortels, ont été enregistrés durant le mois de Ramadhan sur la RN11 ou carrément en plein centre-ville. L'accident de Ziamah Mansouriah (Jijel), qui a fait une dizaine de victimes, est le dernier d'un cycle qui n'a jamais cessé depuis plusieurs années et qui ne le sera peut-être jamais. Selon un bilan de la Protection civile, 62 accidents de bus ont été enregistrés en 2010. Cette année, jusqu'à août dernier, 43 accidents ont été recensés et les mis en cause sont les chauffeurs de bus. En plus d'encombrer les routes, les bus brinquebalants causent des accidents souvent mortels : toujours bondés, ces bus ne disposent pas de garanties de sécurité pour les passagers et les autres automobilistes ou même les piétons. «Les propriétaires, voulant faire rouler leur bus au-delà de l'entendement, retapent le moteur et transforment l'intérieur du bus», signale un receveur d'un «trolley» de l'est d'Alger qui remarque la présence importante de bus en provenance d'Asie. La Fédération nationale du transport s'attend à une augmentation des accidents de bus. «Il y aura toujours plus d'accidents de ce genre. Quand on attribue des lignes à tort et à travers, le résultat ne peut être que celui qu'on connaît actuellement. Le problème réside aussi dans l'absence de plan de circulation et de transport», relève Abdelkader Boucherit, président de la Fédération nationale du transport des voyageurs, affilié à l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA). Le président de la FNT trouve toutefois des «excuses» aux propriétaires qui exploitent d'anciens bus. «Les propriétaires habitent dans des régions enclavées à Boumerdès. Ces bus sont leur seul gagne-pain», fait-il remarquer. Le nombre de bus mis en circulation, selon le bilan de la wilaya présenté en 2010, est de 5026. Une centaine de transporteurs seulement ont été verbalisés. La fédération réclame une assistance aux jeunes conducteurs. «Les propriétaires ne peuvent pas renouveler toujours leur bus. L'Etat a aidé les jeunes, à travers le dispositif Ansej, a acquérir des bus. Nous ne pouvons que saluer ce geste. Le parc a été renouvelé. 20% seulement se trouvent toujours dans un état dégradé», relève Boucherit. Qu'en est-il de la rumeur sur l'arrivée d'un transporteur privé ? «Le monopole n'est jamais bon. Les Algériens doivent pouvoir acquérir des bus. Le monopole ne règle rien», soutient le président de la FNT.