La grève générale à laquelle a appelé la coordination des villages de la commune de Fréha, à 30 km à l'est de Tizi Ouzou, au lendemain de la mort d'une femme victime d'une bavure militaire, a été massivement suivie dans les différents quartiers de la ville. Dès le début de la matinée, tous les commerçants ont baissé rideau en signe de solidarité et de soutien avec la famille de la victime. Un service minimum a été assuré, notamment dans les pharmacies.Certains, comme les boulangers et les propriétaires de magasins d'alimentation générale, ont ouvert boutique jusqu'à 9h, histoire de permettre aux habitants de s'approvisionner en pain et autres denrées alimentaires. Les buralistes avaient aussi ouvert, le matin, pour écouler les journaux qui se sont d'ailleurs vendus en un tour de main. Même les institutions publiques, la mairie, les banques, les écoles, entre autres, étaient paralysées par cette action qui a enregistré une adhésion remarquable. Quelques escarmouches ont eu lieu vers 11h. D'ailleurs, à midi, à l'entrée de la ville, nous avons remarqué des troncs d'arbres et des pneus enflammés qui jonchaient la route. Tous les pylônes électriques, qui longent la voie principale, ont été arrachés et les ruelles ont été coupées à la circulation automobile. «Les deux femmes, qui étaient avec la victime lors du drame, ont été convoquées par la gendarmerie dans le cadre de l'enquête ouverte au lendemain de la bavure», nous dira un proche de la défunte. Des jeunes en colère ont essayé de jeter des pierres en direction la caserne de l'ANP, mais ils ont été dissuadés par les membres de la famille de la victime. «On ne doit pas rentrer en affrontement avec les services de sécurité, mais on va exprimer pacifiquement notre indignation et notre colère pour dénoncer cette bavure militaire qui a coûté la vie à une malheureuse femme», nous a expliqué un citoyen, membre de la coordination des villages de la commune qui annonce une marche populaire appuyée d'une grève générale, pour demain à 10h, dans la ville de Fréha. Une réunion des membres de ladite coordination devait avoir lieu, hier en début de soirée, pour préparer justement cette action. Dimanche, vers 22h, une femme, âgée de 55 ans, Zahia Kaci née Ibsaïne, a été tuée par des militaires alors qu'elle était de retour avec deux compagnes d'une veillée funèbre, en empruntant un chemin à proximité de la caserne de l'ANP sise à la périphérie de la ville. La défunte a été inhumée, le lendemain lundi, dans le village Taguersift, en présence d'une foule nombreuse. Hier, en début de soirée, la population de Fréha était toujours sous le choc.