Secoués par les craintes d'un défaut de paiement de la Grèce, marchés européens et valeurs bancaires jouaient hier au yoyo. Ajoutée aux craintes d'une récession aux Etats-Unis, la perspective de voir la Grèce manquer à ses engagements budgétaires affole les investisseurs du monde entier. «La priorité absolue est d'éviter un défaut de paiement incontrôlé, parce que cela ne toucherait pas seulement la Grèce, et parce que le risque que cela nous affecte tous, ou du moins beaucoup d'autres pays, est très élevé», a affirmé, hier, la chancelière allemande, Angela Merkel, lors de sa conférence de presse à Berlin. Le ministre allemand de l'Economie, le libéral Philipp Rösler, avait provoqué la panique sur les marchés boursiers en évoquant l'éventualité d'un défaut de paiement d'Athènes, faisant plonger notamment les valeurs bancaires. Mme Merkel a essayé de rassurer en estimant que tout était fait pour prévenir une faillite de la Grèce, un scénario redouté jusqu'à la Maison-Blanche en raison de l'impact qu'il aurait sur la zone euro et par ricochet sur l'économie mondiale. Elle a appelé une nouvelle fois les responsables politiques et les investisseurs à la patience. Le redressement de la Grèce «sera un processus très long et graduel», a-t-elle insisté. Elle a ensuite, de concert avec Paris, démenti la publication d'un éventuel communiqué franco-allemand sur la crise grecque. En coulisses, les dirigeants européens s'activent. Une téléconférence doit ainsi avoir lieu aujourd'hui entre le Premier ministre grec, Georges Papandréou, le président français, Nicolas Sarkozy, et la chancelière allemande, Angela Merkel. Ce signal d'une offensive conjointe entre Paris et Berlin a été reçu par des marchés extrêmement fébriles. La plupart des grandes places européennes, qui ont fait les montagnes russes toute la journée, cotaient fermement dans le vert en début d'après-midi. Dernier point alimentant les débats dans les salles de marché, l'intervention des Etats-Unis dans la crise européenne. Barack Obama, inquiet de la situation sur le vieux continent, a exhorté les Européens, lundi soir, à aller dans le sens d'une plus grande intégration économique et budgétaire. La Grèce n'était pas seule dans le viseur des marchés qui suivent de très près la situation financière de l'Italie. Le chef du gouvernement italien, Silvio Berlusconi, a défendu à Bruxelles le plan d'austérité que la Chambre des députés doit approuver aujourd'hui et promet que les comptes de son pays seraient à l'équilibre d'ici à 2013. Mais ni ce plan d'austérité ni les tentatives de l'Italie de se tourner vers la Chine pour acheter sa dette n'ont procuré de répit sur le marché obligataire. Pékin ne serait pas intéressé par les titres italiens, selon des rumeurs qui circulaient sur le marché.