Le printemps arabe, à travers la chute des alliés d'Israël dans la région et la montée de la Turquie sur la scène internationale, semblent accentuer l'isolement de l'Etat hébreu. Les tensions entre Israël et l'Egypte, qui couvaient depuis le renversement d'Hosni Moubarak, ont atteint hier leur paroxysme. Les déclarations qui ont mis de l'huile sur le feu ont été faites jeudi par le Premier ministre égyptien, Essam Charaf. Selon ce dernier, le traité de paix signé en 1979 avec Israël, le premier ratifié entre l'Etat hébreu et un pays arabe, «n'est pas quelque chose de sacré et il peut subir des changements», dans un entretien avec une télévision turque, selon des propos rapportés par l'agence officielle égyptienne Mena. L'angoisse de l'isolement d'Israël s'intensifie suite aux positions affichées par la Turquie, seul allié d'Israël dans le monde musulman. Les relations se sont détériorées à cause du refus obstiné de Benjamin Netanyahou de présenter des excuses pour la mort, l'an dernier, de neuf Turcs tués par Israël, alors qu'ils naviguaient vers Ghaza. Mais pour l'heure, c'est surtout l'Egypte qui préoccupe les responsables israéliens. Selon une information non confirmée, publiée sur le site d'information israélien Ynet, le ministère israélien des Affaires étrangères aurait convoqué l'ambassadeur d'Egypte en Israël pour protester contre une déclaration du Premier ministre, Essam Charaf, selon laquelle le traité de paix avec Israël «n'est pas sacré», rapportait hier, vendredi, le site israélien Ynet. Interrogée, une porte-parole des Affaires étrangères s'est refusée à tout commentaire. Le directeur général des Affaires étrangères, Rafi Barak, a fait part du «mécontentement d'Israël après les récentes déclarations de responsables égyptiens» sur les relations bilatérales, a indiqué le site d'information Ynet. Mais selon Moustapha al Sayyid, professeur de sciences politiques, cité par Reuters, les déclarations d'Essam Charaf semblent plus viser à renforcer les dispositifs de sécurité égyptiens à la frontière avec Israël, auxquels le traité de 1979 fixe des limites, plus qu'à abroger purement et simplement celui-ci. «Il est amplement démontré que les effectifs des forces égyptiennes dans ce secteur ne sont pas suffisants pour faire face aux menaces affectant la sécurité. Il faut accroître le nombre de soldats et améliorer les équipements», a-t-il dit. Le fait est, cependant, que ces déclarations surviennent dans un contexte où les relations entre l'Egypte et Israël sont tendues, quelques jours après l'attaque de l'ambassade d'Israël située dans un immeuble au Caire, et la fuite de l'ambassadeur israélien et sa famille. Le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, avait cherché à minimiser la portée de cette attaque, réaffirmant son engagement «à préserver la paix avec l'Egypte, ce qui est dans l'intérêt de l'Egypte et d'Israël». Après la chute d'Hosni Moubarek, perçu comme un allié de l'Etat hébreu, nombre d'Egyptiens réclament une révision du traité de paix signé avec Israël.