-A quand remonte la création de l'association Mustapha Belkhodja et comment a-t-elle évolué ? L'association Mustapha Belkhodja a été créée en décembre 1997, à l'initiative de mon fils aîné Rifel Mahmoud. Nous avons été aidés, par ce que je considère comme mes propres frères, Fouzi, Nabil et Réda, les fils de Mustapha Belkhodja qui était mon oncle. Nous avons donc tous contribué à créer cette association agréée en 1998. Les membres fondateurs ont confié la direction de l'orchestre de l'association à Rifel Mahmoud. Son frère, Anis Aman Allah, nous a également rejoints. Suite à des difficultés administratives, nous n'avons pas pu obtenir un local. L'association est installée chez moi. On m'a demandé de dégager un espace dans mon mon domicile pour l'association, de sorte à permettre à un huissier de faire un constat. J'ai refusé. Je suis fils de notaire et je sais de quoi je parle(…) Les membres de l'association sont éparpillés. Ils sont à Oran, Sidi Bel Abbès et Tlemcen. Parfois, on se rencontre à Sidi Bel Abbès pour travailler. Avec mes enfants, le travail est quotidien. Cela m'a été enseigné par mon père, Hadj Mahmoud, qui était ami intime de Redouane Bensari, fils de cheikh Larbi. En allant rencontrer son ami, mon père trouvait toujours cheikh Larbi Bensari en train de travailler à la maison. Il ne comptait que sur lui-même. Mon père assistait à toutes les répétitions des Bensari. Deux heures de travail par semaine pour des membres éparpillés sont nettement insuffisants. -Avez-vous produit des albums ? Avec la complicité de mon cousin Fayçal Benkalfat, nous avons enregistré plusieurs CD. Parallèlement au travail de l'association, et toujours avec Fayçal Benkalfat, nous continuons le travail de recherche sur ce qu'a laissé Mustapha Aboura. Il y a des choses que je savais déjà par l'intermédiaire de l'association Slam, comme Mustapha Belkhodja et Djamel Benkalfat. Nous avons trouvé les partitions. Et nous continuons à faire des découvertes. Il faut dire que nous ne sommes pas en possession du répertoire exact de l'Ecole de Tlemcen. -Quel a été l'apport de Mustapha Belkhodja à la musique andalouse ? Mustapha Belkhodja, décédé en 1968 à l'âge de 51 ans, fait partie d'une lignée de musiciens. Très jeune, il a appris à jouer du violon. Il participait à certaines soirées familiales avec cheikh Larbi Bensari. Il se cachait derrière la scène pour qu'on le voit pas. Auparavant, la musique était taboue.Puis, en 1934, l'association des lettres des arts et de la musique (Slam) fut créée à Tlemcen. Mustapha Belkhodja était membre fondateur avec Mohamed Bouali, Si Mohamed Hadj Slimane, Hocine Damardji et autres. Ils avaient commencé à jouer au sein du Cercle des jeunes Algériens. Ils y veillaient et apprenaient la musique. Ils avaient beaucoup évolué. Cheikh Omar Bekhchi avait décidé de les aider. -Omar Bekhchi était devenu leur professeur... Oui. Omar Bekhchi avait demandé à Mustapha Belkhodja de jouer du rbab. Mustapha savait jouer de tous les instruments, comme la kouitra et la mandoline. Il avait la maîtrise des techniques de jeu de la reda, la nebcha, la khebcha et le teryicha. A Alger où il étudiait la pharmacie, Mustapha Belkhodja fréquentait le milieu musical algérois. Au même titre que Mohamed Benguergoura, Abderrahamane Belhocine et Dahmane Benachour, il était devenu l'élève de Si Mahieddine Lekhal en 1946. Si Mahieddine Lekhal était un grand maître de l'Ecole d'Alger. Mustapha Belkhodja a enrichi le répertoire de l'Ecole de Tlemcen par quelques morceaux d'Alger, tels que le btaïhi ghrib aliya oud et le derj mjenba, saadek ya badie echabab. Il avait interprété un morceau qui existait à Tlemcen mais qui n'était pas très joué un mceder mjenba, moudh badat chems el mouhaya . L'association Slam avait arrêté ses activités durant la guerre de libération avant de les reprendre après l'indépendance. Avec les membres de la Slam, j'ai appris moi-même la musique. Il y a eu la refondation de la Slam qui avait participé au premier Festival de la musique classique algérienne en décembre 1966. Lors de ce festival, Mustapha Belhodja avait subjugué le public avec son jeu du rbab. Un instrument qu'on avait commencé à oublier après la disparition de cheikh Larbi Bensari, en 1964. Grâce au jeu de Mustapha Belkhodja, la Slam a eu la médaille d'or du Festival.