Les ministres des Finances de l'Union européenne se sont mis d'accord, avant-hier, sur le principe de renforcer leur discipline budgétaire en imposant des sanctions financières aux pays trop laxistes, ouvrant la voie à une adoption formelle de cette réforme. Après des mois de blocage, le Parlement européen et la présidence polonaise de l'Union européenne, représentant les Etats, avaient déjà accepté jeudi les grandes lignes d'un compromis qui vise à renforcer le Pacte de stabilité. Grâce à l'accord des ministres européens des Finances annoncé, le Parlement européen va pouvoir approuver formellement cette série de mesures fin septembre, ce qui débouchera sur une adoption à l'échelle des 27 début octobre. Cet accord constitue un signal fort à l'adresse des investisseurs et des marchés financiers, a estimé la présidence polonaise de l'UE dans un communiqué. Cela prouve que l'Union européenne et ses institutions peuvent agir avec fermeté et se montrer décidées face aux défis. Le ministre français des Finances, François Baroin, a jugé qu'il s'agissait là d'une avancée significative. Cette réforme est composée de six textes législatifs - baptisée 6 Pack - proposés il y a déjà un an par la Commission européenne pour tirer les leçons de la crise de la dette en Grèce. Elle a pour ambition de renforcer la gouvernance économique de l'Union européenne et plus spécifiquement de la zone euro, ébranlée par la crise de la dette. Car le Pacte de stabilité, censé encadrer les déficits, s'est révélé largement inopérant et trop peu dissuasif, les gouvernements passant leur temps, depuis dix ans, à le contourner. Cet ensemble de textes a fait l'objet d'âpres tractations entre le Parlement, qui insistait pour avoir un mécanisme de sanctions automatiques contre les mauvais élèves, et les gouvernements qui voulaient garder leur mot à dire. Une solution médiane de compromis a finalement été trouvée. Les sanctions s'appliqueront plus rapidement et plus automatiquement que par le passé mais pas totalement. Le dispositif prévoit un volet correctif, lorsque les pays affichent un déficit public supérieur à 3% de leur Produit intérieur brut, et un volet dit préventif avec des sanctions possibles pour les Etats qui se dirigeraient dangereusement vers ce plafond. Le Parlement insistait pour qu'une procédure dans la phase préventive puisse être déclenchée de manière quasi-automatique - à moins que les Etats s'y opposent à la majorité qualifiée, plus difficile à obtenir qu'une majorité simple - tandis que les gouvernements demandaient l'inverse: une procédure préventive seulement si les Etats le décident à la majorité qualifiée. Au bout du compte, la procédure pourra être déclenchée sauf si les gouvernements la bloquent à la majorité simple. Geithner a demandé une augmentation du Fonds de secours Le secrétaire au Trésor américain Timothy Geithner a demandé, avant-hier, à la zone euro d'augmenter son Fonds de secours pour les pays en difficulté et de soutenir davantage ses banques, lors d'une réunion en Pologne, a affirmé la ministre autrichienne des Finances. Il a aussi catégoriquement refusé une taxe sur les transactions financières. "Il nous a exhortés à mobiliser plus d'argent pour stabiliser l'ensemble du secteur financier, stabiliser le secteur bancaire et augmenter à tout prix le Fonds européen de soutien" (FESF), a déclaré à la presse Maria Fekter, en marge de cette réunion des ministres des Finances de la zone euro à Wroclaw où M. Geithner avait été exceptionnellement convié. "Là-dessus, notre collègue (Wolfgang) (le ministre allemand des Finances, ndlr) lui a dit que ce ne serait probablement pas réalisable uniquement avec de l'argent du contribuable, dans l'ampleur envisagée par les Etats-Unis", a-t-elle poursuivi. M.(Wolfgang) a, lui, plaidé pour l'introduction d'une taxe sur les transactions financières, y compris aux Etats-Unis, pour dégager les fonds nécessaires, ce que M. Geithner a "strictement refusé", selon Mme Fekter. Les Etats-Unis s'opposent "strictement" à la mise en place d'une taxe sur les transactions financières, a ajouté la ministre, citant toujours les propos du secrétaire américain au Trésor. Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Sch?uble, a défendu l'idée d'une telle taxe et invité les Etats-Unis à y participer, ce que M. Geithner "a strictement refusé", a affirmé Mme Fekter.