La gestion des œuvres sociales du secteur de l'éducation nationale n'est plus du ressort exclusif de la centrale syndicale UGTA qui l'avait monopolisé avec l'assentiment des gouvernements en place depuis août 1994. Une directive du ministre en charge du secteur concerné vient en effet d'être adressée aux walis, aux directeurs départementaux de l'éducation, aux plus hauts responsables de l'UGTA et, fait nouveau, aux syndicats autonomes activant dans la sphère de l'éducation nationale.Il faut dire que ce sont précisément ces derniers et, tout particulièrement, les très remuants Snapap, Snapest, Cnapest, Satef, SNTE et Unpef qui ont mené d'âpres luttes pour arracher ce pactole estimé à une dizaine de milliards de dinars provenant des cotisations des enseignants (3% du salaire de base), auxquels il faut ajouter des actifs immobiliers d'une valeur considérable, des mains des seuls syndicalistes de l'UGTA qui en avaient usé et abusé des années durant. Une gestion opaque et rentière que n'avaient cessé de dénoncer, non seulement, le partenariat social autonome mais également certaines instances de contrôle étatique à l'instar de l'IGF et autres inspections ministérielles qui avaient relevé de graves dépassements passibles de tribunaux.Alors qu'elle est indéniablement le fruit des luttes menées par les syndicats autonomes, l'instruction mettant fin au monopole de l'UGTA sur les œuvres sociales de l'éducation nationale n'implique pourtant pas expressément ces organisations syndicales dans le nouveau mode de gestion dressé par l'instruction de Benbouzid. Outre le fait qu'elle ordonne la dissolution dès la prochaine rentrée scolaire de tous les organismes présentement chargés de la gestion des œuvres sociales sans pour autant prendre le soin de désigner les structures qui devraient en prendre le relais, l'instruction du ministre concerné se contente d'un très vague : «La commission des œuvres sociales de l'éducation nationale est désormais l'affaire de tous», tout en se contredisant immédiatement après en confiant la charge de la gestion et de l'administration des structures et commissions des œuvres sociales à une commission interministérielle composée exclusivement de membres des ministères des Finances, du Travail et de l'Education ainsi que d'un délégué de l'UGTA. Aucun membre des syndicats autonomes n'y figure pour l'instant. On ignore si des négociations sont engagées à cette fin. Une très longue et préjudiciable période de flottement avant la reprise en main effective de cette très convoitée manne financière par les représentants légitimes des travailleurs de l'éducation est, par conséquent, à redouter.