Attendue le 29 de ce mois, la 15e session de la tripartite gouvernement/UGTA/patronat intervient dans le contexte d'une rentrée sociale où la question du pouvoir d'achat, devenue chronique, est à nouveau posée. Même si l'ordre du jour de cette réunion n'a pas encore été officiellement communiqué, l'on sait d'ores et déjà que la révision du Salaire minium garantie (SNMG) sera à nouveau à l'ordre du jour. Actuellement à 15 000 DA, le SNMG est, selon syndicalistes, partis politiques et autres experts économiques, bien en deçà du niveau permettant au citoyen moyen une vie décente. Le secrétaire général de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd, a indiqué que cette tripartite sera l'occasion «de promouvoir et de défendre le pouvoir d'achat des travailleurs, d'augmenter le Salaire national minimum garanti (SNMG) et de prospecter les voies et moyens de développer les entreprises économiques pour les aider à créer des emplois». Selon Salah Djenouhet, secrétaire national de l'UGTA, celle-ci planche sur le dossier depuis plusieurs mois, à l'aide d'experts. «Nous avons des propositions avec des simulations», a-t-il dit récemment sur une Radio nationale, sans avancer de chiffres. La centrale s'attend à des négociations difficiles, «mais nous allons persuader nos partenaires de la nécessité d'une amélioration du pouvoir d'achat», a-t-il déclaré. De leur côté, les organisations patronales tenteront de faire le moins de concessions possibles. Le président du Forum des chefs d'entreprise (FCE), Réda Hamiani, a affirmé la semaine dernière que cette tripartite «aura un fort contenu social avec les questions du SNMG, des allocations familiales, des conventions de branches, etc., mais en tant qu'organisation patronale, on veillera à défendre le point de vue de l'entreprise». Il a dès lors donné un aperçu de ce que sera la position du patronat, en affirmant que «les marges de manœuvre, dont disposent les entreprises algériennes, ne permettent pas d'aller dans le sens souhaité par l'UGTA», tout en disant comprendre «le bien-fondé des revendications de l'UGTA pour préserver le pouvoir d'achat des citoyens». «Beaucoup d'entreprises ne pourront pas supporter le surcoût des charges qui sera le résultat d'une augmentation sensible des salaires des travailleurs», a-t-il estimé. Pour la révision de l'IRG Mais l'UGTA ne compte pas s'en tenir là et prévoit de proposer la révision de l'IRG et de l'article 87 bis afin que l'impact des augmentations de salaires soit réel.M. Djenouhet a qualifié l'article 87 bis de «goulot d'étranglement» du fait qu'il élimine les indemnités induites par les augmentations salariales. Même constat pour l'IRG qui est jugé «excessif» pour les travailleurs, alors qu'il constitue une source de collecte de l'impôt de plus en plus importante pour le Trésor surtout après les augmentations de salaire. Les statistiques de la direction générale des impôts démontrent que les recettes d'IRG pour le premier semestre 2011 ont augmenté de 45,6% à 164,4 milliards de dinars par rapport à la même période de 2010. L'UGTA déplore le fait que certains salariés payent plus d'impôts que des commerçants. Pour rappel, la loi de finances 2008 avait réaménagé le système de calcul de l'IRG en relevant le seuil de revenu non imposé de 60 000 DA à 120 000 DA par an avec un taux d'imposition allant de 0% à 35% du salaire annuel brut. Quels que soient les points à l'ordre du jour de la tripartite, certains syndicats autonomes, à l'image du syndicat national autonome du personnel de l'administration publique, n'y accordent pas trop de crédit, estimant par le passé que «les résultats de toutes les précédentes tripartites traduisent la volonté du gouvernement et non celles des partenaires sociaux économiques». La tripartite telle qu'elle fonctionne, et qu'elle a toujours fonctionné jusque-là, «est totalement inféodée aux orientations du pouvoir», soutient pour sa part un économiste.