La crise de la dette dans la zone euro fait monter la tension entre les Etats-Unis et l'Union européenne. Samedi dernier, le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, a déclaré à l'issue d'une réunion des ministres des Finances européens à Wroclaw, en Pologne, que «prises dans leur ensemble, l'Union européenne et la zone euro sont dans une situation probablement meilleure que les économies d'autres grands pays développés». Il a néanmoins reconnu que «des erreurs au niveau de certains pays pris individuellement», qui ont accumulé déficits et dettes publics trop importants. Ses propos sonnent comme une réponse aux déclarations la veille du secrétaire américain au Trésor, Timothy Geithner, qui avait exhorté la zone euro à mettre un terme à ses divisions sur les moyens de résoudre cette crise, en particulier entre la BCE et les gouvernements européens, mettant en garde contre les risques «catastrophiques» de la désunion. Il l'avait aussi incitée à donner davantage de puissance de feu à son Fonds de secours financier (FESF) pour les pays les plus fragiles. Réunis vendredi à Wroclaw en Pologne, les ministres des Finances de l'Union européenne n'ont pu se mettre d'accord sur de nouvelles mesures pour contenir la crise de la dette et apaiser les turbulences sur les marchés. Ainsi, selon les différentes agences de presse, les responsables de la zone euro ont repoussé à octobre leur décision sur le prochain versement à la Grèce dans le cadre du premier plan de sauvetage de 110 milliards d'euros accordé à Athènes l'an dernier. Ils n'ont pas surmonté le différend sur les exigences de la Finlande qui réclame des garanties pour couvrir sa contribution au second plan de soutien de 109 milliards d'euros décidé le 21 juillet dernier pour tenter d'éviter une faillite de la Grèce. Les appels à accroître la taille du Fonds européen de stabilité financière (FESF) ont été rejetés et les ministres restent aussi divisés sur la proposition de taxe sur les transactions financières. Si l'Europe n'arrive pas à trouver des solutions, d'autres pays reconnus comme des économies émergentes se proposent de lui venir en aide. Ainsi, le groupe des Brics, qui rassemble Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud, se réunira le 22 septembre à Washington pour étudier «comment aider l'Union européenne». «Tout le monde doit participer à la recherche de solutions, car l'économie est mondialisée et la crise a des effets négatifs dans tous les pays», a dit Alex Agostini, chef économiste du cabinet brésilien Austin Rating, cité par la presse française. Selon des experts, les Brics ont intérêt à éviter que la crise ne dégénère, car cela aurait des répercussions sur leurs exportations, via des «incertitudes autour des taux de change», mais aussi un «climat de protectionnisme». Pour aider la zone euro, les Brics peuvent acheter de la dette des Etats en difficulté. «Tous les pays émergents sont devenus excédentaires, pas seulement la Chine» qui dispose des plus importantes réserves de change au monde avec plus de 3000 milliards de dollars, relève Agnès Bénassy-Quéré, directrice du Centre français d'études prospectives et d'informations internationales (Cépii). La directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Christine Lagarde, a toutefois adressé une mise en garde : les Brics ne doivent pas se limiter à acheter des titres «jugés sûrs par tous», comme ceux de l'Allemagne. Ils doivent acquérir aussi des obligations d'Etat dont certains investisseurs redoutent qu'ils ne soient un jour dans l'incapacité de rembourser leur dette.